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Ajoute encore qu’après ce conseil donné par l’homme, l’Apôtre, comme par une sorte de repentir de son irréflexion, se reprend aussitôt et dit : « Mais ces personnes-là souffriront dans leur chair des tribulations et des peines. » Tout en leur pardonnant, il leur rappelle que « le temps est court, et que ceux mêmes qui ont des femmes doivent être comme s’ils n’en avaient pas. » Enfin il oppose entre elles les sollicitudes de ceux qui sont mariés et celles de ceux qui ne le sont pas. En expliquant pourquoi il est avantageux de ne pas se marier, il dissuade de ce qu’il avait permis plus haut par condescendance. S’il l’applique au premier mariage, à plus forte raison au second. Lorsqu’il nous exhorte encore à suivre son exemple, nous montrer ce qu’il veut que nous soyons, c’est-à-dire continents, c’est nous déclarer également ce qu’il ne veut pas que nous soyons, c’est-à-dire incontinents. Par conséquent, lorsqu’il veut lui-même autre chose, il ne permet ni librement, ni selon la vérité, ce qu’il ne veut pas. S’il le voulait, il ne le permettrait pas, il le commanderait. Mais voici qu’il dit ailleurs : « La femme dont le mari n’est plus peut se remarier à qui elle voudra, pourvu que ce soit selon le Seigneur ; » puis il ajoute aussitôt : « Toutefois, elle sera plus heureuse si elle demeure veuve ; et c’est ce que je lui conseille. Or, je crois que j’ai aussi l’Esprit de Dieu. »

Nous trouvons ici deux avis différents. Par l’un, il permet de se remarier ; par l’autre, il ordonne de s’abstenir. Lequel des deux faut-il croire ? diras-tu. Regarde et lis. Quand il permet, il n’émet l’avis que d’un homme prudent. Recommande-t-il de s’abstenir ? c’est l’avis de l’Esprit saint qu’il invoque. Suis donc l’avertissement qui a pour lui la Divinité. Les fidèles ont en eux l’Esprit de Dieu, j’en conviens, mais tous les fidèles ne sont pas des apôtres. Ainsi lorsqu’après avoir dit qu’il était fidèle, Paul ajoute : « J’ai aussi l’Esprit de Dieu, » chose dont personne ne doutait, puisqu’il était fidèle, il n’a tenu ce langage que