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au moins ne mérites-tu pas l’amitié de Dieu. Or, se refuser à l’amitié de Dieu, c’est pécher.

Si donc le second mariage provient seulement de cette volonté qui est appelée indulgence, nous soutenons, nous, qu’une volonté qui a pour cause l’indulgence, n’est pas la pure volonté de Dieu, puisque, provenant de celle qui préfère quelque chose de mieux, et recommande la continence, il est évident qu’une chose meilleure ne peut être préférée à une chose meilleure.

J’ai posé ces principes, afin d’examiner maintenant les paroles de l’Apôtre. Avant tout, qu’on ne m’accuse point d’être peu respectueux envers lui, si je remarque, ce qu’il déclare lui-même, que cette indulgence qu’il témoigne pour les secondes noces, vient de son propre fonds, c’est-à-dire de la raison humaine, et non de la prescription divine. En effet, après avoir dit aux personnes veuves ou libres : « Mariez-vous, si vous ne pouvez garder la continence ; car il vaut mieux se marier que de brûler ; » il aborde aussitôt la seconde catégorie : « Pour celles qui sont dans le mariage, dit-il, ce n’est pas moi, mais le Seigneur qui leur fait ce commandement. » En s’effaçant, lui-même pour laisser parler le Seigneur, il indiquait suffisamment que ce qu’il avait dit plus haut : « Il vaut mieux se marier que de brûler, » il l’avait dit d’après lui-même, et non pas au nom du Seigneur. Quoique cette parole regarde ceux que la foi trouve dans le célibat ou dans le veuvage, toutefois, comme on s’en autorise communément pour se marier, examinons quel est ce bien qui vaut mieux qu’un châtiment, et qui ne peut paraître bon que comparé à ce qu’il y a de pire, de sorte que le mariage n’est bon que parce que brûler est quelque chose de pire. Or, le bien, c’est ce qui continue à mériter ce nom, sans qu’il soit, besoin de le comparer, je ne dis point à un mal, mais à tout autre bien, tellement que, comparé à un autre bien, ou éclipsé par lui, il n’en demeure pas moins ce qu’il est. D’ailleurs, si une chose n’est déclarée bonne que par comparaison