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et que nous prouvons noire soumission à Dieu, en voulant ce qui s’accorde avec sa volonté, je soutiens qu’il faut étudier avec un soin tout religieux quelle est la volonté de Dieu, manifeste ou secrète. Ce qu’il veut manifestement, nous le savons tous : il n’en faut pas moins ; examiner comment cette volonté même se manifeste. Il est des choses qui, au premier aspect, semblent s’accorder avec la volonté de Dieu, parce qu’il les permet ; mais ce qui n’est que permis n’indique pas toujours la pure et absolue volonté de celui qui permet. Une permission dérive de la condescendance : sans doute, elle ne se donne pas sans une certaine participation de la volonté ; mais comme elle est fondée sur une cause particulière à celui qui est l’objet de cette condescendance, elle vient d’une volonté influencée et presque contrainte. Je te le demande, qu’est-ce qu’une volonté dont un autre est la cause ?

De même, il faut considérer le second cas où la volonté divine n’est plus tout-à-fait elle-même. Dieu veut que nous fassions certaines choses qui lui sont agréables, où l’indulgence se cache, pour ne laisser parler que le précepte. Toutefois s’il a préféré une chose à une autre, une chose qu’il veut davantage par conséquent, n’est-il pas évident que nous devons suivre ce qu’il préfère, puisque ce qu’il permet vis-à-vis de ce qu’il aime mieux, doit être regarde comme s’il ne le voulait pas ? Car en montrant ce qu’il préfère, il a détruit une volonté moindre par une volonté supérieure : plus il a manifesté l’une et l’autre à ta connaissance, plus il l’a imposé l’obligation d’embrasser le parti qu’il t’a prouvé lui plaire davantage. Donc, s’il t’a, clairement indiqué de suivre le parti qu’il veut le plus, il n’en faut point douter, ne pas le suivre, c’est aller contre sa volonté, en choisissant contrairement à ce qu’il préfère ; c’est l’offenser plus que te le rendre favorable, puisque, tout en faisant ce qu’il veut, tu dédaignes ce qu’il aime mieux. D’un côté, tu pèches ; de l’autre, si tu ne pèches pas,