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l'offense. De même aussi, ce qu’il veut, il l’ordonne, il le ratifie, il le récompense par le salaire de l’éternité. Lors donc que nous avons appris par ses préceptes ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas, il nous reste encore notre volonté et la liberté de choisir l’un ou l’autre, selon qu’il est écrit : « Voilà que j’ai placé le bien et le mal devant toi. » En effet, tu as goûté à l’arbre de la science. Conséquemment, nous ne devons pas mettre sur le compte de la volonté de Dieu ce qui est laisse à notre libre détermination, puisque celui qui ne veut pas le mal nous a honorés de la liberté.

Il suit de là que c’est notre propre volonté qui veut quand nous voulons le mal contre la volonté de Dieu qui veut le bien. D’où provient donc, me demanderas-tu, cette volonté en vertu de laquelle nous voulons quelque chose contre la volonté de Dieu ? De nous-mêmes, te répondrai-je, et avec fondement. Ne faut-il pas que nous ressemblions à la semence d’où nous sortons ? En effet, Adam, ce chef de notre race comme aussi du péché, a voulu quand il a prévariqué. Le démon ne lui a point imposé la volonté de pécher, il n’a fait qu’en fournir le sujet à sa volonté. La volonté de Dieu était qu’il obéît librement. Il en est de même de toi. Si tu n’obéis point à ce Dieu qui après t’avoir montré le précepte, t’a donné le libre arbitre pour choisir, c’est par le choix libre de ta volonté que tu pencheras pour ce que Dieu ne veut pas. Tu as été vaincu par le démon qui, tout en voulant que tu veuilles ce que Dieu ne veut pas, ne peut néanmoins te contraindre à vouloir, puisqu’il ne réussit point à forcer nos premiers parents à vouloir malgré eux le péché. Que dis-je ? Ils consentirent librement et en sachant bien ce que Dieu ne voulait pas : il ne voulait pas sans doute ce qu’il avait interdit sous peine de mort. Le pouvoir du démon se borne là : il interroge les dispositions de ta volonté. Mais dès que tu as voulu, il s’ensuit que tu es son esclave non pas qu’il ait créé en toi la volonté, mais parce qu’il en a trouvé l’occasion.

III. Puisque nous sommes libres de vouloir ou de ne pas vouloir,