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En effet, celle femme, appelée du milieu des infidèles à la foi par les prédications de quelque personnage éminent, a reçu, avec le christianisme, une vertu d’en haut qui la rend respectable à son époux païen ; il n’ose plus gronder, s’enquérir, surveiller si curieusement. Il a senti les merveilles de Dieu ; il a vu les expériences de la grâce ; il sait que sa compagne est devenue meilleure ; une crainte respectueuse a fait de lui un candidat de la foi. Ainsi sont gagnés plus facilement ceux qu’a unis la grâce de Dieu.

Mais qu’il en arrive bien autrement à l’épouse qui s’est jetée volontairement et. de gaîté de cœur dans un mariage défendu ? Ce qui déplaît à Dieu l’offense, ce qui l’offense est l’œuvre du démon, et ne peut amener que des malheurs : ne l’oubliez pas. Il n’y a que les plus pervers d’entre les idolâtres qui supportent le nom chrétien. S’ils paraissent surmonter un moment leur haine, c’est pour chasser l’épouse qu’ils ont trompée, pour envahir sa fortune ou ruiner sa foi. Non, jamais pareille union ne peut être heureuse. Voulez-vous savoir pourquoi ? Tandis que le démon signe cette alliance, le Seigneur la condamne.

VIII. Si nous faisons peu de cas de la sagesse divine qui défend, voyons si la sagesse humaine ne lient pas le même langage. Parmi les païens, les maîtres les plus rigides et les plus strictement attachés au maintien de la discipline n’empêchent-ils pas leurs esclaves de contracter des mariages avec des étrangers ! Pourquoi cette prohibition ? De peur qu’ils ne se jettent dans la licence et la débauche, ne négligent leur service, et n’introduisent des étrangers dans la maison de leur maître. Ne condamne-t-on pas à une servitude plus dure ceux qui, après sommation du maître, continuent de vivre avec des esclaves étrangers ! Eh quoi ! les règlements de la terre enchaîneront-ils plus étroitement que les injonctions du ciel ? La femme idolâtre qui s’unit à un esclave étranger perdra sa liberté, et la femme de la tribu sainte épouserait un serviteur