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de païenne ; elle aura pour lui beauté, parure, luxe mondain, caresses honteuses, infâmes complaisances ; bien différente des saints chez lesquels le respect ennoblit les obligations du mariage, où tout se passe avec une pudique retenue, comme sous l’œil de la divinité.

IV. Mais à elle de savoir comment elle se conduira vis-à-vis de son époux. Toujours est-il qu’il lui sera impossible de remplir les devoirs religieux, ayant à ses côtés un esclave du démon, fidèle ministre, chargé par son maître d’arrêter la ferveur et la piété chrétiennes. Faudra-t-il se rendre à l’église ? il lui donnera rendez-vous aux bains plutôt qu’à l’ordinaire. S’agira-t-il déjeuner ? il commandera un festin pour le même jour. Aurez-vous à sortir ? jamais les serviteurs n’auront été plus occupés. Quel époux infidèle permettra à sa femme de visiter nos frères de rue en rue, et d’entrer dans les réduits les plus pauvres ? Qui souffrirait qu’elle s’arrachât la nuit de ses côtés pour assister aux assemblées de la nuit, lorsque la nécessité l’exigera ? Qui la verra d’un œil tranquille découcher à la solennité paschale ? Qui la laissera, sans d’horribles soupçons, participer au banquet du Seigneur, si décrié parmi les païens ? Enfin, qui trouvera bon qu’elle se glisse dans les cachots pour baiser les chaînes des martyrs, pour laver les pieds des saints, pour leur donner et en recevoir le baiser de la paix ? qu’elle partage le pain et le vin, dans les agapes, et qu’elle passe les journées dans la prière ? Qu’un frère étranger arrive, quelle hospitalité trouvera-t-il dans la maison d’un étranger ? S’il faut donner quelque chose, grenier et cellier, tout sera fermé.

V. Il en est, direz-vous, qui supportent la discipline chrétienne sans la gêner. D’accord ; mais voilà précisément le crime : mettre un païen dans la confidence de nos pratiques ; livrer à des hommes injustes les secrets de nos mystères ; devoir à leur bon plaisir ce que nous faisons. Impossible de dissimuler nos exercices à qui les tolère ; ou si nous les lui cachons, parce qu’il ne les tolère pas, alors arrivent