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est trop lourd pour nos forces. Aux choses difficiles une facile indulgence. Mais plus il est facile « de se marier dans le Seigneur, » puisque cela dépend de notre volonté, plus nous sommes coupables de ne pas faire ce qui est en notre pouvoir.

Ajoutez à cela que l’Apôtre, en disant : « Je voudrais que vous fussiez tous en l’état où je suis moi-même, » conseille aux personnes veuves ou à celles qui ne sont pas mariées de rester dans l’état où elles sont, mais qu’en disant, « pourvu seulement que ce soit dans le Seigneur, » alors ce n’est plus un conseil qu’il donne, mais un ordre formel. Ici donc, si nous n’obéissons pas, nous nous jetons dans le péril, parce qu’on peut négliger un conseil ; un précepte, jamais. D’une part, simple avertissement soumis au choix de la volonté ; de l’autre, puissance qui commande et obligation qui enchaîne. Ici, liberté qui use de son droit ; là, orgueil qui se révolte.

II. Ainsi, lorsqu’il y a peu de jours, une chrétienne se mariait hors de l’Église pour s’unir à un infidèle, et que ma mémoire me rappelait d’autres scandales semblables, étonné de l’audace de ces femmes et de la perversité de leurs conseillers, parce que l’Ecriture n’autorise aucune de ces alliances, je me suis dit à moi-même : Elles s’appuient probablement sur la première Epître aux Corinthiens, où il est écrit : « Si un mari fidèle a une femme qui soit infidèle, et qu’elle consente à demeurer avec lui, qu’il ne la quitte point. Et si une femme fidèle a un mari qui lui soit infidèle, et qu’il consente à demeurer avec elle, qu’elle ne se sépare point de son mari. Car le mari infidèle est sanctifié par la femme fidèle, et la femme infidèle est sanctifiée par le mari fidèle ; autrement vos enfants seraient impurs. » De cette injonction qui, dans son sens naturel, ne concerne que les fidèles déjà engagés dans le mariage, conclurait-on par hasard qu’il est permis d’épouser des infidèles ? Plaise à Dieu que quiconque l’interprète ainsi ne cherche pas à se tromper