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qu’un mari, » parce que l’autel de Dieu doit demeurer immaculé. La multitude que l’Evangéliste aperçut couverte de robes blanches figurait la sainteté de l’Église. Le sacerdoce de la viduité et le célibat subsistent jusque chez les païens. Le démon, pour rivaliser avec Dieu, a défendu au roi du siècle et au grand pontife de se marier deux fois.

VIII. Qu’elle est agréable à Dieu la chasteté, puisque son antagoniste en reproduit le simulacre, non pas qu’il soit capable de quelque vertu, mais pour insulter à notre maître jusque dans ses prédilections ! En effet, une bouche prophétique a exprimé d’un seul mot l’excellence du veuvage : « Soyez justes envers la veuve et l’orphelin ; puis, approchez, entrons en lice, dit le Seigneur. » Plus le bras de l’homme fait défaut à ces deux faiblesses, plus le Père commun leur ouvre ses miséricordes et les couvre de sa protection. Voyez comme il grandit et s’élève jusqu’à Dieu, le mortel qui fait du bien à la veuve î et la veuve elle-même, quelle est sa dignité, puisque son vengeur ici-bas entre en lice avec le Seigneur ! Un pareil honneur, j’imagine, n’est pas réservé aux vierges. Quoique chez elles, une chair intacte et dégagée de toute souillure doive contempler Dieu face à face, toujours est-il que la veuve marche à travers des sentiers plus pénibles. Ne pas convoiter ce que l’on ignore, et continuer de haïr ce que l’on n’a jamais souhaité, rien de plus facile. Une gloire plus belle s’attache à la continence, qui connaît ses droits et ne dédaigne qu’après l’expérience. A la vierge donc plus de félicité ! mais à la veuve plus de labeur ; celle-ci parce qu’elle a toujours gardé le port ; celle-là, parce qu’elle n’y est parvenue qu’à travers les tempêtes. Dans l’une, c’est la grâce ; dans l’autre, c’est la vertu qui est couronnée. La religion a des faveurs qui nous viennent de la libéralité divine, d’autres que nous méritons par nos efforts. Les dons de Dieu se gouvernent par sa grâce : les mérites de l’homme ne s’achètent qu’au prix des combats. Appliquez-vous donc à