Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/350

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ils ne l’étaient pas, à plus forte raison est-il défendu à ceux qui sont libres de reprendre des liens qu’ils n’ont plus ; de sorte que la femme dont le mari a quitté ce monde doit abriter dans la continence la fragilité de son sexe. Au reste, ainsi le pratiquent la plupart des femmes infidèles pour honorer la mémoire d’un époux qui leur a été cher. Quand une difficulté nous arrête, jetons les yeux sur ceux qui parcourent à côté de nous une carrière plus laborieuse encore. Combien qui, en sortant du bain régénérateur, se consacrent à la chasteté ! Combien qui, d’un consentement mutuel, suppriment les devoirs du mariage, eunuques volontaires, pour mieux conquérir le ciel ! Si l’on embrasse la continence dans le mariage, à combien plus forte raison faudra-t-il se l’imposer quand la mort l’a rompu ? Il est plus difficile, si je ne me trompe, d’abandonner les droits d’un mariage qui subsiste, que de renoncer pour toujours à celui qui ne subsiste plus. Quoi donc ! la continence embrassée pour Dieu paraît ra-t-elle chose si dure el si difficile à une veuve chrétienne, quand les Gentils eux-mêmes immolent à leur Satan le veuvage et la virginité de leurs sacerdoces ? À Rome, ces gardiennes du feu éternel qui préludent à leur châtiment par les flammes qu’elles entretiennent avec l’antique dragon lui-même, sont choisies parmi les vierges. Dans la ville d’Egée, c’est une vierge que le sort désigne pour être la prêtresse de Junon Achéenne. La pythonisse qui exhale ses fureurs à Delphes ne connaît pas le mariage. Ici même, nous voyons des veuves d’un genre nouveau s’arracher au lien qui les unit, pour se consacrer à Cérès Africaine. Oubli le plus cruel des oublis ! Peu satisfaites de mourir à des époux qui vivent, elles glissent de leurs propres mains dans la couche conjugale celles qui doivent les remplacer, au grand plaisir de leurs époux, s’interdisent tout commerce avec eux, et répudient jusqu’aux caresses de leurs enfants. Tant que dure ce sacerdoce, elles observent cette sévère discipline de la viduité, qui n’a pour elles aucune des consolations de la piété. Voilà