Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/347

Cette page n’a pas encore été corrigée

noble origine, n’accusons que noire lâcheté qui cède l’empire à la plus faible. Deux espèces de faiblesses humaines rendent les secondes noces nécessaires à celles dont la première union a été brisée. La première et la plus puissante vient de la concupiscence de la chair ; la seconde naît de la concupiscence du siècle. Mais nous devons répudier l’une et l’autre, parce que nous sommes les serviteurs de Dieu, et que nous renonçons à l’ambition et aux voluptés du siècle. La concupiscence de la chair met en avant les obligations de l’âge, recherche la moisson de la beauté, se repaît avec orgueil de ce qui est son outrage ; un mari, dit-elle, est nécessaire à une femme, pour la guider, la consoler et la protéger contre les mauvaises rumeurs.

Vous, ma bien-aimée, à ces conseils de la concupiscence répondez par l’exemple de nos sœurs dont les noms sont enrôlés dans la milice du Seigneur, et qui, après avoir envoyé devant elles leurs époux, immolent à la pudeur les séductions de la beauté ou de la jeunesse. Elles aiment mieux devenir les épouses de Dieu : toujours belles, toujours vierges pour Dieu, elles vivent avec lui, elles s’entretiennent avec lui, elles ne le quittent ni le jour, ni la nuit, elles lui apportent en dot leurs oraisons, et en échange de cette sainte alliance, elles reçoivent de lui, toutes les fois qu’elles le désirent, le douaire de sa faveur et de sa miséricorde. C’est ainsi qu’elles possèdent d’avance le don éternel du Seigneur, et qu’épouses de Dieu ici-bas, elles sont déjà inscrites dans la famille des anges. Voilà sur quelles traces vous exerçant à l’apprentissage de la continence, vous ensevelirez dans la tombe d’une affection spirituelle la concupiscence de la chair, en substituant les récompenses éternelles aux sollicitations temporelles et fugitives de la beauté ou de l’âge.

D’un autre côté, la concupiscence du siècle prend sa source dans la vaine gloire, la cupidité, l’ambition et le prétexte d’une fortune insuffisante, qu’elle transforme en autant