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pas. Cependant c’est pour se rendre à ces assemblées, c’est pour voir et pour être vue, c’est pour mettre en vente sa pudeur, c’est pour recueillir l’admiration publique que la femme païenne promène celle pompe insolente. Pour vous, jamais rien qui vous attire hors de vos maisons que des motifs graves et sérieux ; un malade à visiter, le saint sacrifice à offrir, la parole de Dieu à entendre. Chacun de ces exercices est une œuvre de modestie et de retenue. Il ne faut pour y vaquer ni vêtement extraordinaire, ni longs apprêts, ni robe flottante. Si des devoirs d’amitié ou des relations de famille vous appellent auprès des femmes du paganisme, pourquoi ne pas vous montrer couvertes de l’armure qui vous distingue, d’autant plus que vous paraissez devant des personnes étrangères à la foi ? Ne faut-il pas que vous manifestiez la différence qui existe entre les servantes de Dieu et celles du démon ? Ne faut-il pas que vous leur serviez d’exemple, qu’elles soient édifiées dans vous, et, selon le langage de l’Apôtre, que Dieu soit glorifié dans votre corps ? Or, s’il est glorifié par la chasteté de l’ame, il l’est aussi par un extérieur qui répond à la chasteté de l’ame.

— « Mais si nous renonçons à nos anciennes parures, cette singularité exposera le nom chrétien aux censures et aux blasphèmes des infidèles ! »

— Fort bien ! Gardons aussi nos anciens désordres ! ayons toujours les mêmes mœurs, puisque nous restons fidèles aux mêmes dehors. C’est à coup sûr le meilleur moyen pour arrêter les blasphèmes. Redoutable censure, en effet, que celle qui dira : Depuis que cette femme est devenue chrétienne, son extérieur approche de la pauvreté ! Plus riche devant Dieu, craindrez-vous de paraître plus indigente à l’œil de l’homme ? Plus ornée de grâces intérieures, vous alarmerez-vous d’un extérieur plus négligé ? A qui enfin le disciple de la croix doit-il plaire, à Dieu ou bien aux Gentils ?