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et flottante avec une négligence affectée. Ailleurs nouvelle méthode : un énorme amas de cheveux d’emprunt va s’arrondir en bonnet, vaste fourreau dans lequel s’emprisonne la tête ; ou bien il s’élèvera en pyramide ambitieuse pour laisser le cou à découvert. O belliqueux attirail ! Je m’étonnerais fort qu’il ne combattît point la loi divine. « Personne, dit le Seigneur, ne peut ajouter à sa taille. » Et vous, vous ajoutez à votre poids et à votre taille, en accumulant sur votre tête des masses de cheveux chargés d’ornements que l’on prendrait pour le rond de bosse d’un bouclier. Si vous ne rougissez pas de ce fardeau, ah ! rougissez du moins de son indignité. Les dépouilles d’une tête étrangère, d’un misérable, mort au milieu de ses débauches, ou de quelque scélérat peut-être consumé par les flammes, ne les arborez pas sur une tête sanctifiée par le Christianisme. Chassez, chassez loin d’un front libre l’humiliante servitude de ces parures. En vain vous courez après une fastueuse magnificence ; en vain vous appelez pour bâtir l’édifice de vos cheveux les mains les plus habiles, Dieu commande que vous soyez voilées. Pourquoi ? Pour cacher, j’imagine, la tête de certaines femmes. Plaise au Ciel qu’au jour du triomphe des Chrétiens, il me soit permis, malgré la profondeur de mes misères, de lever mon front au-dessus de vos têtes humiliées ! Je vous le demande, sera-ce avec la céruse, avec le vermillon, avec le safran, avec cet ambitieux échafaudage, que je vous verrai sortir de vos sépulcres ? Sera-ce avec ces frivoles travestissements que les anges du Seigneur vous soulèveront sur les nues, pour aller au-devant de Jésus-Christ ? Point de doute. Si ce sont là des biens véritables, légitimes aux yeux du Seigneur, ils ressusciteront en même temps que le corps et ils reconnaîtront leur place. Mais non, rien ne ressuscitera que la chair et l’ame. J’en conclus que ce qui ne ressuscitera point avec l’ame et le corps, doit être réprouvé comme ne venant pas de Dieu. Je vous en conjure donc, renoncez à des ornements condamnés.