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sa malice transformer l’esprit de l’homme ? C’est à lui, n’en doutez pas, qui inventa ces mille artifices, afin que vous attaquer à vous-même, ce fût faire violence à la divinité. Tout ce qui naît avec nous est l’œuvre de Dieu ; par conséquent ce que nous ajoutons à la nature vient du démon. Or, étouffer l’œuvre de Dieu sous les déguisements de Satan, quelle audacieuse profanation ! Nos esclaves n’oseraient emprunter le meuble le plus indifférent à ceux qui nous haïssent. Les soldats ne demandent rien à l’ennemi de César. Briguer une faveur auprès de l’antagoniste du maître que vous servez, ce serait un crime irrémissible : et le Chrétien mendierait les secours du méchant par excellence ! Que dis-je, le Chrétien ? il ne mérite plus ce titre glorieux ; il appartient corps et ame au maître dont il suit avidement la doctrine.

A ces traits, mes bien-aimées, reconnaissez combien il est indigne du nom que vous portez, indigne de la religion que vous professez, de revêtir ces orgueilleux ornements, quand la simplicité vous est prescrite, d’afficher le mensonge dans votre personne quand le mensonge est interdit à vos lèvres, de convoiter ce que la Providence a placé loin de vous, quand elle vous dit formellement : Abstenez-vous du bien d’autrui ; enfin de placer l’adultère sur votre front, quand la loi vous commande d’aimer la modestie. Je vous le demande. Comment observerez-vous ce que les préceptes ont de plus difficile, si vous ne gardez pas ce qu’ils ont de plus doux et de plus léger ?

VI. J’en vois quelques-unes donner à leur chevelure la teinte blonde du safran. Honteuses de leur patrie, elles regrettent de n’être pas des filles de la Germanie ou des Gaules ; point de repos qu’elles n’aient transporté sur leur tête les couleurs de ces contrées. Fatal présage que cette ardente chevelure ! Stérile embellissement qui aboutit à la difformité ! N’est-il pas vrai, sans parler des autres inconvénients, que l’habitude de ces mélanges brûle les cheveux, et affaiblit le cerveau lui-même sous la violence de