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— En bien ! disent ici les Juifs, nous en appelons à la prophétie d’Isaïe, et nous demandons si ce nom que le prophète lui donne et tous les caractères qu’il lui attribue conviennent véritablement au Christ qui est déjà venu. Isaïe annonce qu’il « se nommera Emmanuel, qu’il détruira la puissance de Damas, et qu’il enlèvera les dépouilles de Samarie en présence du roi d’Assur. » Or, ajoutent-ils, celui qui est venu n’est pas connu sous ce nom, et n’a jamais fait la guerre.

Nous, au contraire, nous croyons devoir les avertir de relire tout ce qui se rattache à ce chapitre. En effet, au mot Emmanuel, est jointe sa signification « Dieu avec nous, » afin que l’on examine moins l’expression que son sens. « Emmanuel, » mot hébreu : Emmanuel, particulier à sa nation ; « Dieu avec nous, » signification commune à tous. Or, je le demande, cette appellation, » Dieu avec nous, » représentation exacte du mot Emmanuel, ne se vérifie-t-elle point dans le Christ, depuis que ce soleil de justice a brillé sur le monde ? Tu ne pourrais le nier, je l’imagine. Car ceux qui ont abandonné le judaïsme pour croire à Jésus-Christ, depuis qu’ils croient en lui, répètent : « Dieu est avec nous, » quand ils prononcent le mot Emmanuel. Il est donc attesté que l’Emmanuel des oracles est déjà descendu, puisque Emmanuel, c’est-à-dire, « Dieu avec nous, » est venu.

Les Juifs se laissent encore abuser par les mots, lorsque dans « cette puissance de Damas que Jésus-Christ doit détruire, dans ces dépouilles de Samarie qu’il emporte en face du roi d’Assur, » ils s’opiniâtrent à voir les présages d’un Christ conquérant, sans taire attention aux déclarations qui précèdent. « Avant que l’enfant sache nommer son père et sa mère, il détruira la puissance de Damas et il emportera les dépouilles de Samarie en face du roi d’Assur. » Il est bon d’examiner auparavant l’énonciation de l’âge de cet enfant, pour voir si sa faiblesse, qui ne comporte pas encore un rôle d’homme, ne répugne