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uniquement dans l’intégrité de la chair et dans l’absence des plaisirs sensuels. Il leur semble qu’il n’y ait rien par-delà ; que la parure et les ornements du corps soient chose indifférente. Aussi voyez-les, soigneuses de relever par mille artifices l’éclat de leur beauté, promener en public la même pompe que la femme païenne à laquelle manque le sentiment de la véritable pudeur, parce qu’il n’y a rien de vrai là où manque le Dieu maître et dépositaire de la vérité.

En effet, quoiqu’il existe une ombre de pudeur parmi les païennes, cette vertu néanmoins est tellement défectueuse, tellement désordonnée et chancelante, que, si chastes que vous les supposiez au fond de l’ame, elles se répandent au dehors en faste et en frivolités. O égarement du paganisme ! Il convoite une partie du plaisir à défaut du plaisir tout entier. Pour vous en convaincre, montrez-moi une de ces infidèles qui n’aspire à captiver les regards étrangers. Où est celle qui ne farde son visage, qui ne soigne son corps dans ce dessein ? Où est celle qui étouffe les désirs ? Ne calomnions point la chasteté païenne. Il n’est pas rare qu’elle s’interdise la faute, mais la volonté de faillir, se l’interdit-elle ? Si elle s’interdit la volonté, où sont les efforts pour prévenir la chute ? faut-il nous en étonner ? Il y a un fond de dérèglement dans tout ce qui ne vient pas de Dieu. Infortunées qui, incapables de s’élever à une vertu entière, gâtent aisément par le mal le bien qu’elles possèdent !

II. Pour vous, mes sœurs bien-aimées, il faut que vos habits vous distinguent de la femme païenne comme le reste vous en distingue. La pureté chrétienne, la seule qui soit parfaite et vraiment digne de ce nom, évite avec soin, disons mieux, fuit avec horreur tout ce qui peut éveiller dans autrui d’impudiques désirs. Pourquoi cela ? D’abord parce que le désir de plaire par la séduction de la beauté vient d’un cœur corrompu. Nous ne le savons que trop, ces agréments extérieurs sont une amorce naturelle à la luxure. A