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la grandeur du voile. Il arriva qu’un ange, apparaissant en songe à l’une de nos sœurs, frappait sur ses épaules, en même temps qu’il en louait la beauté : « Merveilleuses épaules, disait-il, et qui méritent bien d’être nues ! Il est bon que vous soyez couverte depuis la tête jusqu’aux reins, de peur que cette nudité de vos épaules ne vous devienne funeste. Ce qui est dit à l’une s’adresse à toutes les autres. » Mais quel châtiment ne mériteront point celles qui demeurent découvertes pendant le chant des psaumes, ou bien lorsque l’on parle de Dieu ? Celles qui, durant la prière, se contentent de placer sur le haut de leur tête quelque bande, quelque filet ou une simple toile, se croiront-elles véritablement voilées ? Il faut que, selon elles, leur tête soit bien peu de chose. D’autres, tout en portant un voile plus étendu que ces bandes ou ces rubans, n’abusent pas moins de leur tête, semblables à cet oiseau qui, tout ailé qu’il est, semble plutôt approcher des animaux terrestres, ayant une petite tête emmanchée d’un long cou, et que du reste il porte toujours fort droite. On dit que, quand il veut se cacher, il plonge sa tête tout entière dans des broussailles, mais qu’il laisse tout le corps à découvert. Ainsi en sûreté pour sa tête, mais à découvert dans la partie de lui-même la plus remarquable, il se fait prendre tout entier. Il en sera de même de ces femmes qui couvrent moins qu’il n’est utile. Il faut donc qu’en tout temps, en tout lieu, elles se souviennent de cette loi, toujours prêtes et disposées à entendre parler de Dieu. S’il est au fond de leur cœur, on le reconnaîtra facilement à leur tête. Que la paix et la grâce de notre Seigneur Jésus soient avec ceux qui préfèrent la vérité à la coutume, et qui liront ceci avec un esprit de paix et de douceur ! Quelles soient aussi avec Septimius Tertullien, auteur de cet opuscule !