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des femmes, eh bien ! qu’elles l’adoptent tout entier, de manière à ne paraître que voilées devant les païens. Il est bien juste qu’elles cachent dans l’église cette même virginité qu’elles cachent hors de l’église. Elles craignent les étrangers ; qu’elles respectent leurs frères, ou bien qu’elles paraissent vierges dans les rues avec autant de hardiesse que dans nos églises. J’applaudirai à leur intrépidité, si elles se font gloire de leur virginité devant les païens. Au dedans et en dehors de nos églises, même nature ; même liberté au dehors et devant le Seigneur pour la profession de la virginité. Pourquoi donc étaler dans l’église une perfection qu’elles ensevelissent ailleurs ? Je leur en demande la raison. Est-ce pour plaire à leurs frères, ou pour plaire à Dieu lui - même ? Si c’est pour plaire à Dieu, il est aussi capable de voir ce qui se pratique en secret, que juste pour récompenser ce qui se fait uniquement pour lui. Enfin il nous recommande « de ne pas publier au son de la trompette le bien que nous faisons devant lui, ni d’en attendre la récompense de la part des hommes. » Que s’il nous est défendu de donner un denier [1], « ou la moindre aumône sans la cacher à notre main gauche, » que de ténèbres nous devons répandre sur l’offrande que nous faisons à Dieu de notre corps et de notre esprit, puisque c’est toute notre nature elle-même que nous lui consacrons ! Conséquemment, une chose qui ne peut paraître faite pour plaire à Dieu, puisqu’elle ne se fait pas comme Dieu le demande, ne peut être faite qu’en vue des hommes. Par là même elle devient illicite, comme entachée de vaine gloire ; car la vaine gloire est défendue à ceux dont tout le mérite réside dans l’humilité. Si la continence est un don de Dieu, « pourquoi

  1. Le texte dit : Unius victoriati. C’était une petite pièce d’argent, appelée de ce nom parce qu’elle portait pour empreinte une Victoire. Il en est question dans Pline : Qui nunc victoriatus appellatur lege Clodiâ percussus est. Est autem signatus Victoriâ, et inde nomen.