Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/302

Cette page n’a pas encore été corrigée

sur elle tous les regards, étalant l’honneur de sa sainteté par la liberté de sa tête ? On pouvait rendre à la virginité un hommage plus digne d’elle, en lui permettant de se mêler à quelqu’une des fonctions particulières aux hommes, ou d’entrer dans quelqu’une de leurs charges.

Je le sais, on a inscrit quelque part au nombre des veuves une vierge qui n’avait pas encore vingt ans. Si l’évêque lui devait quelque adoucissement, il aurait pu le faire autrement, sans violer le respect pour la discipline ecclésiastique, pour que l’on n’eût pas à remarquer dans l’Église le spectacle étrange, j’allais presque dire monstrueux, d’une vierge veuve, merveille d’autant plus surprenante, qu’elle n’a pas même voilé sa tête, en qualité de veuve, niant ainsi qu’elle soit l’un et l’autre, vierge en prenant place parmi les veuves, veuve en se faisant appeler vierge.

Dira-t-on que la même autorité qui lui a donné place parmi les veuves la dispense du voile ? Mais cette place est réservée aux femmes qui ont plus de soixante ans, non-seulement à celles qui auraient été mariées une seule fois, mais aux mères de famille, et même à celles qui ont élevé des enfants, afin que plus familiarisées par l’expérience avec toutes les affections humaines, elles sachent mieux aider les autres de leurs conseils, et les consoler dans toutes les circonstances, ayant passé par tous les états qui peuvent mettre à l’épreuve la vertu d’une femme. Tant il est vrai qu’il n’est jamais accordé de place particulière aux vierges pour les honorer.

X. J’en dis autant de toute autre distinction. Au reste, ce serait une chose assez étrange que les femmes, soumises en toutes choses à l’homme, portassent en signe d’honneur une marque de leur virginité qui attirât sur elles les regards, l’attention et le respect de leurs frères, tandis que tant d’hommes vierges, tant d’eunuques volontaires, seraient réduits à cacher leur vertu, ne portant rien