Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/301

Cette page n’a pas encore été corrigée

de se voiler, de même l’enfant ne doit pas se découvrir. Pourquoi, d’une part, reconnaissons-nous que la définition de l’Apôtre est absolue par rapport à l’homme, sans demander pourquoi il n’a pas fait mention de l’enfant, et, d’autre part, refusons-nous de croire que cette définition soit aussi absolue à l’égard de la femme ? « Que si quelqu’un aime à contester, pour nous, ce n’est point là notre coutume, ni celle de l’Église de Dieu, » dit l’Apôtre. Il prouve qu’il s’éleva quelque dispute à ce sujet, et qu’il se hâta de l’éteindre par des paroles pleines de brièveté, sans nommer la vierge, pour faire comprendre qu’il ne fallait point douter qu’elles ne dussent être voilées, mais en nommant la vierge, lorsqu’il avait dit : Toute femme. Ainsi le comprirent les Corinthiens eux-mêmes. Aujourd’hui encore ces mêmes Corinthiens voilent leurs vierges. Les disciples prouvent par leur conduite quel a été l’enseignement des Apôtres.

IX. Examinons maintenant si, de même que les arguments tirés de la nature des femmes et de la cause elle-même, conviennent aux vierges, ainsi que nous l’avons démontré, les prescriptions de la discipline ecclésiastique ne concernent pas aussi les femmes. « Il n’est permis aux

femmes, ni de parler dans l’église, » ni d’enseigner, ni de baptiser, ni d’offrir le sacrifice, ni de s’arroger aucune des fonctions qui appartiennent à l’homme, à plus forte raison celles qui appartiennent aux prêtres. Nous le demandons, y a-t-il quelqu’une de ces choses qui soient permises à une vierge ? Si rien de tout cela n’est permis à la vierge ; si en toutes choses elle est soumise à la même condition que la femme, toujours comptée parmi celles de son sexe quand il est nécessaire de s’humilier, par quelle raison ici ce qui est refusé à toutes les femmes lui sera-t-il accordé ? Quel droit a-t-elle à une prérogative au-dessus de sa condition naturelle, s’il est vrai qu’elle soit vierge, et qu’elle ait dessein de sanctifier sa chair ? Quoi donc ? la dispensera-t-on du voile pour qu’elle entre dans l’Église, en attirant