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épouses, elles appartiennent à leurs maris. Il était aussi aisé de dire les femmes des hommes. D’ailleurs, l’Ecriture, ne nommant point ces anges du nom d’adultères, mais de maris, puisqu’ils prirent, sans être mariées, les filles des hommes, comme elle les appelle plus haut, témoigne assez par là que celles-ci, filles tout à l’heure et en ce moment épouses des anges, étaient vierges. Filles d’abord, puis mariées ensuite : je ne sache pas qu’elles aient pu être autre chose.

Il faut donc voiler une beauté si dangereuse qui a pu porter le scandale jusque dans le ciel, afin qu’en la présence de Dieu aux yeux duquel elle est coupable de la chute de ces anges, elle rougisse aussi devant les autres anges, qu’elle réprime cette liberté perfide de se montrer à découvert, et qu’elle se cache même aux regards des hommes.

Supposons même que ces anges eussent convoité des femmes déjà souillées, les vierges auraient été d’autant plus obligées de se cacher à cause des anges, que les anges auraient été plus capables de pécher à cause des vierges. Si l’Apôtre ajoute, comme une prévision de la nature, « qu’une belle chevelure est l’honneur de la femme,

parce qu’elle peut lui servir de voile, » n’est-il pas vrai que cette longue chevelure est aussi l’ornement de la vierge ? que dis-je ? est l’ornement particulier de la vierge, puisque c’est elle qui a l’habitude de la rassembler en pyramide, comme pour en couronner la citadelle de la tête ?

VIII. C’est par des raisons opposées à celles-ci que « l’homme ne se voile point, » parce qu’il n’a pas naturellement cette grande abondance de cheveux ; parce qu’il ne lui est point honteux de les avoir coupés ou rasés ; parce que ce n’est point à cause de lui que les anges ont Péché ; parce qu’il « est la gloire et l’image de Dieu ; » parce qu’enfin « le Christ est son chef. » Ainsi quand l’Apôtre, en parlant de l’homme et de la femme, dit pourquoi