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en soutenant qu’il ne peut convenir qu’à celle qui est engagée dans le mariage, il faut que nous prouvions que la propriété de ce terme convient à tout le sexe et non à une partie du sexe, de manière que les vierges elles-mêmes y sont comprises. Lorsque cette seconde espèce de créature humaine fut faite par Dieu « pour être la compagne de l’homme, » la femme reçut dès le moment de sa naissance le nom qui la désigne, innocente encore, digne encore du paradis, vierge encore. « Elle s’appellera femme, » dit-il. Voilà donc un nom, je ne dis pas commun à la vierge, mais qui lui est propre, puisque c’est une vierge qui le reçoit à son origine. Mais quelques esprits subtils veulent que ces mots, « elle s’appellera femme, » ne s’appliquent qu’à l’avenir, comme qui dirait : « Elle sera femme quand elle aura perdu sa virginité, » parce qu’ensuite on lit : « L’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et ils seront deux dans une même chair. » Qu’ils nous montrent donc d’abord, pour soutenir cette interprétation, quel est le nom qu’elle a porté dans l’intervalle, s’il est vrai qu’elle n’a été nommée femme que par rapport à l’avenir. Car il ne se peut qu’elle ait manqué d’un nom qui exprimât sa qualité présente. D’ailleurs n’est-il pas étrange qu’elle ait eu un nom qui lui convînt dans l’avenir, sans en avoir un qui la caractérisât dans le présent ? « Adam donna des noms à tous les êtres vivants, » il n’en désigna aucun par sa qualité future ; mais, consultant ce qu’ils étaient dans le moment, il les nomma tous d’après ce que réclamait leur état actuel. Quel était donc alors le nom de la première femme ? Il est certain que toutes les fois qu’elle est nommée dans l’Ecriture, elle est appelée femme avant d’être épouse, et jamais vierge, même lorsqu’elle était vierge ! Ce nom est son nom unique, et il lui est donné dans un sens qui n’a rien de prophétique. L’Ecriture rapporte en effet « qu’Adam et sa femme étaient nus ; » ce mot ne s’applique point à l’avenir, comme par une sorte de