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Parce que celle qui n’est pas mariée, c’est-à-dire la vierge, pour être pure de corps et d’esprit, ne s’occupe que des choses de Dieu. Au contraire, celle qui a un époux, c’est-à-dire qui n’est pas vierge, songe à plaire à son époux. » Voilà l’explication de cette différence, qui n’a point lieu dans la question dont il s’agit maintenant, dès qu’il n’est parlé ni du cœur ni des pensées de la femme et de la vierge, mais seulement de voiler la tête. Le Saint-Esprit ne voulant donc pas qu’il y eût là-dessus la plus légère différence, a compris sous le seul nom de femme la vierge elle-même : en ne la nommant pas expressément, il ne l’a pas séparée d’avec la femme, et en ne la séparant pas, il l’a jointe à celle dont il ne l’a pas séparée. Est-ce donc chose si nouvelle que de se servir du mot le plus étendu pour comprendre les espèces dans sa généralité, là où il n’est pas nécessaire de distinguer les parties du tout ? La brièveté du discours est de sa nature agréable et nécessaire, de même que la prolixité est embarrassée, importune, inutile. Voilà pourquoi nous nous contentons de termes généraux qui embrassent dans leur universalité l’idée des différentes espèces. Venons donc au mot lui-même. Le mot de femme est un terme naturel et général pour tout le sexe. Il comprend la vierge, l’épouse, la veuve, et tout ce qui s’y rattache par son nom ou par son âge. Or, le genre précédant l’espèce, parce qu’il la renferme, de même que l’antécédent son conséquent, et le tout sa partie, l’espèce est énoncée dans le terme qui la contient et signifiée dans le mot qui l’embrasse. Ainsi, quand j’ai nommé le corps, je n’ai plus besoin d’énu-mérer les pieds, les mains, ni aucun membre. De même, si on parle du monde, là se trouvera le ciel et tout ce qu’il renferme, le soleil, la lune, les étoiles, les astres, la terre, la mer, et chacun des éléments. C’est tout dire que dire ce qui compose le tout : ainsi, nommer la femme, c’est donner l’idée de tout le sexe.

V. Mais puisque nos adversaires emploient ce nom de femme