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de tes droits est répudiée : fais voir que c’est toi qui voiles les vierges. Interprète toi-même tes Ecritures que la coutume ne connaît pas ; car, si elle les connaissait elle n’eût jamais existé.

IV. Au reste, comme c’est une habitude de se servir des Ecritures pour argumenter contre la vérité, on ne manque pas de nous objecter aussitôt que l’Apôtre n’a nullement parlé des vierges, quand il recommande le voile, mais qu’il n’a fait mention que des femmes ; que s’il avait voulu que les vierges fussent voilées, il les aurait nommées séparément après avoir nommé les femmes. Ainsi, ajoute-t-on, lorsqu’il traite du mariage, il prescrit en particulier quelle règle doivent observer les vierges. Par conséquent, elles ne sont point assujetties à la loi du voile, puisque leur nom n’est pas prononcé dans cette loi. Il y a plus ; par là même qu’elles n’y sont pas nommées, il est clair que l’ordre n’est pas pour elles.

Nous pouvons retourner le même raisonnement contre les adversaires. Puisque l’Apôtre sait établir une distinction entre la vierge et la femme, c’est-à-dire celle qui n’est pas vierge, quand il est besoin de distinguer, là où il ne nomme pas la vierge, sans établir cette différence, il prouve qu’il y a communauté de règle. Au reste, il lui était facile d’établir ici encore une différence entre la vierge et la femme, de même qu’il a dit ailleurs : « La femme et la vierge sont distinctes. » Par conséquent, il a tacitement confondu celles qu’il n’a pas distinguées.

Toutefois, de ce que la femme et la vierge sont distinguées ici, cette différence ne sera point pour eux une autorité, comme le veulent quelques-uns : combien de paroles semblables ne doivent pas s’entendre ici et là dans le même sens, puisque les paroles n’ont la même valeur qu’autant que le motif est le même, pour le dire une fois en passant ! Mais l’espèce dans laquelle l’Apôtre distingue la femme d’avec la vierge est bien différente de l’espèce présente. « Il y a, dit-il, de la différence entre la femme et la vierge. Pourquoi ?