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nos mains, mais nous les élevons en croix comme notre Seigneur dans sa passion, et par cette attitude suppliante, nous confessons le Christ.

XII. Mais, puisque nous avons nommé une vaine observance, il ne sera pas hors de propos de dire un mot de quelques autres pratiques, auxquelles on peut à juste titre reprocher une frivolité ridicule, dès qu’elles n’ont pas pour elles l’autorité des préceptes du Seigneur ou des Apôtres. Des pratiques de cette nature proviennent de la superstition plus que de la religion, hommages affectés et contraints, suggérés par la curiosité, où la raison n’est pour rien, et qu’il faudrait éviter, par cela seul qu’ils nous font ressembler aux païens. Ainsi, quelques-uns, par exemple, ôtent leurs manteaux pour prier, parce que les Nations ôtent leurs manteaux pour s’incliner devant leurs idoles. Si cela devait être, les Apôtres qui nous ont enseigné la manière de prier, n’eussent pas manqué de nous l’apprendre, à moins qu’on ne vienne nous dire que c’était pour prier que Paul laissa son manteau à Carpas. Croyez-vous donc que Dieu ne pourra vous entendre enveloppé de votre manteau, lui qui a entendu au fond de la fournaise du roi de Babylone ses trois saints qui priaient sous la tiare et la robe flottante des Mèdes ? D’autres croient devoir s’asseoir à la fin de la prière [1]. Pour quel motif ? Je l’ignore, à moins que ce soit pour suivre l’exemple d’Hermas, dont l’Ecriture est intitulée ordinairement le Pasteur. Mais si, au lieu de s’asseoir sur son lit, Hermas avait fait tout autre chose, l’adopterions-nous aussi comme une pratique nécessaire ? Non assurément. Il est dit simplement : « Après avoir prié et m’être assis sur mon lit, » comme un détail de narration, et non pour servir de règle. Autrement, nous ne devrions jamais prier que là où se trouve un lit. Loin

  1. Assignatâ oratione. Quand la prière a reçu le sceau, c’est-à-dire quand elle est finie. On ne met le sceau à une lettre qu’après qu’elle est terminée.