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VIII. Pour compléter cette prière si énergique dans sa concision, après avoir demandé que nos dettes nous soient remises, nous prions Dieu de détourner entièrement de nous le péché, « et ne nous induisez pas en tentation, » c’est-à-dire ne permettez pas que nous y soyons induits par le tentateur. Mais, d’ailleurs, nous préserve le ciel de croire que Dieu nous tente, comme s’il ignorait la foi de chacun de nous, encore moins pour la renverser. Au démon appartiennent l’impuissance et la malice ; car si le Seigneur ordonne à Abraham de lui sacrifier son Fils, c’est bien moins pour tenter sa foi que pour la manifester dans tout son éclat, afin que le patriarche devînt pour nous une leçon vivante du précepte qu’il enseignerait plus tard, savoir, que nous devons préférer Dieu à tout ce que nous avons de plus cher. Jésus-Christ lui-même se laissa tenter par Satan, afin que nous reconnaissions dans ce dernier le chef et l’artisan de la tentation. Il confirme cette vérité quand il dit ensuite à ses disciples : « Priez, afin que vous ne soyez pas tentés. » Cela est si vrai qu’ils furent tentés en abandonnant le Seigneur, pour avoir mieux aimé se livrer au sommeil que vaquer à la prière. La dernière demande va nous expliquer ce que signifie « ne nous induisez pas en tentation, » c’est-à-dire, « MAIS DÉLIVREZ-NOUS DU MAL. »

IX. Dans ce peu de paroles, combien d’oracles empruntés aux prophètes, aux Evangiles, aux Apôtres ! Combien d’instructions de notre Seigneur ! combien de paraboles, d’exemples, de préceptes ! combien enfin d’obligations exprimées ! Hommage rendu à Dieu par ce titre de Père ; témoignage de foi en glorifiant son nom ; acte de soumission en soupirant après l’accomplissement de sa volonté ; souvenir d’espérance en hâtant de nos vœux l’avènement de son règne ; aveu de nos péchés en demandant pardon ; précautions contre les tentations en réclamant la protection divine. Qu’y a-t-il là d’étonnant ? Dieu seul a pu nous apprendre comment il voulait être prié. C’est donc lui qui, réglant