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souffrances. C’est dans ce sens qu’il a dit : « Ce n’est pas ma volonté, mais celle de mon Père que j’accomplis. » Sans doute ce qu’il faisait était la volonté de son Père ; tel est le modèle qu’il nous présente, prêcher, travailler, souffrir jusqu’à la mort. Pour accomplir tout cela, nous avons besoin de la volonté de Dieu. Ainsi donc, en disant « que votre volonté soit faite, » nous nous félicitons que la volonté de Dieu ne soit jamais un mal pour nous, même lorsqu’il nous traite avec rigueur, à cause de nos péchés. De plus, nous nous exhortons nons-mêmes à la souffrance par cette parole. Notre Seigneur aussi, pour nous montrer au milieu des angoisses de sa passion, que l’infirmité de notre chair était dans la sienne, s’écrie : « , Mon Père, éloignez de moi ce calice ! » Puis tout à coup il se reprend : « Mais que votre volonté se fasse et non la mienne ! » Il était lui-même la volonté et la puissance du Père. Toutefois, pour nous apprendre à payer la dette de la souffrance, il se remet tout entier à la volonté de son Père.

V. QUE VOTRE RÈGNE ARRIVE !

Cette demande se rapporte à celle-ci : « Que votre volonté soit faite, » c’est-à-dire, « que votre règne s’accomplisse en nous. » Car à quel moment Dieu n’est-il pas roi, lui qui tient dans sa main le cœur des rois ? Mais tout ce que nous souhaitons pour nous-mêmes, nous le rapportons à lui, nous le sanctifions en lui, parce que c’est de lui que nous l’attendons. Or, si l’avènement du royaume de Dieu s’accorde avec sa volonté, et réclame notre départ d’ici-bas, d’où vient que plusieurs redemandent avec larmes celui qui a été arraché au siècle, puisque le règne de Dieu, dont nous hâtons l’avènement, implique la consommation du siècle ? Nous demandons à entrer promptement dans notre règne, afin de n’être pas retenus plus longtemps dans notre esclavage. Quand même cette prière ne nous eût pas fait un devoir de demander l’avènement de ce règne, nous aurions poussé de nous-mêmes ce cri, en nous hâtant d’aller embrasser nos espérances. — Les ames