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par des veilles, et par la confession de tous leurs péchés passés, afin de représenter aussi le baptême de Jean : « Et confessant leurs péchés, est-il dit, ils étaient baptisés. » Pour nous, félicitons-nous de n’avoir pas à confesser publiquement, comme eux, nos fautes et nos désordres. Par la mortification de la chair et de l’esprit, nous satisfaisons pour nos iniquités passées, en même temps que nous nous prémunissons contre les tentations à venir. « Veillez et priez, dit-il, pour que vous n’entriez point en tentation. » Si les Apôtres furent tentés, c’est qu’ils se laissèrent aller au sommeil, d’où il arriva qu’ils abandonnèrent le Seigneur, dès qu’ils le virent entre les mains de ses ennemis. Celui-là même qui restera à ses côtés et tirera le glaive pour le défendre, le niera ensuite par trois fois. Il avait été dit auparavant : « Personne n’entrera dans le royaume des cieux, s’il n’a été éprouvé par la tentation. » Le Seigneur lui-même, après son baptême et un jeûne de quarante jours, n’est-il pas assailli par la tentation ?

Mais, me dira-t-on, il nous faut donc jeûner après le baptême plus encore qu’auparavant ? Et qui peut l’empêcher, sinon la nécessité de se réjouir et de rendre grâces à Dieu de son salut. Le Seigneur, si je ne me trompe, répond à cette objection dans les reproches qu’il adresse à Israël. L’Hébreu, après avoir traversé miraculeusement la mer, transporté pendant quarante années dans le désert, où il était nourri par des aliments célestes, s’occupait bien moins de Dieu que de ses grossiers appétits. De plus, Jésus-Christ se retirant dans le désert après son baptême, nous montre clairement par ce jeûne de quarante jours, que « l’homme ne se nourrit pas seulement de pain, mais de la parole de Dieu, » puisque les tentations de la gourmandise et de l’intempérance viennent échouer contre les austérités de la pénitence.

Vous donc, mes bien aimés, que la grâce de Dieu attend, dès que vous sortez du bain où l’homme se renouvelle,