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devint agréable à Dieu sans autre sacrement que le sacrement de sa foi. »

— Je réponds : les lois qui viennent les dernières obligent et prévalent sur celles qui les ont précédées. Qu’anciennement, avant la passion et la résurrection du Seigneur, la foi toute seule ait suffi pour le salut, d’accord. Mais, quand il fallut en outre croire à sa naissance, à sa passion et à sa résurrection, le sacrement primitif s’accrut du sceau du baptême, vêtement de notre foi pour ainsi parler, qui auparavant était nue, et qui aujourd’hui ne peut rien sans l’observation de la loi. En effet, la nécessité du baptême a été imposée ; la forme en a été prescrite : « Allez, dit le Seigneur aux Apôtres, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » Cette loi est clairement confirmée par cet autre arrêt définitif : « En vérité, en vérité je vous le dis, si quelqu’un ne renaît de l’eau et de l’Esprit saint, il n’entrera point dans le royaume de Dieu : » double sentence où est écrite la nécessité du baptême. Depuis ce moment, tous ceux qui entrèrent dans l’Église furent baptisés. Paul commence à peine à croire, qu’il reçoit le baptême. Le Seigneur le lui avait ordonné quand il le frappa de cécité. « Lève-toi, et entre dans la ville de Damas ; là on t’apprendra ce que tu dois faire, » c’est-à-dire recevoir le baptême, la seule chose qui lui manquât. Car, du reste, il avait suffisamment appris et cru que Jésus de Nazareth était le Seigneur, Fils de Dieu.

XIV. Mais à propos de l’Apôtre, nouvelles difficultés. Il a dit : « Aussi n’est-ce pas pour baptiser que Jésus-Christ m’a envoyé. »

— Qui s’imaginera que par ces paroles l’Apôtre ait prétendu détruire le baptême ? N’a-t-il pas baptisé lui-même Caïus, Crispus, et toute la famille de Stéphanas ? Mais je le veux bien ; le Christ ne l’avait pas envoyé pour baptiser ; n’avait-il pas prescrit aux autres Apôtres de conférer le baptême ? Comprenons d’ailleurs le langage de Paul,