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assez pervers pour imaginer, dans je ne sais quel emportement de langage, des difficultés capables d’alarmer ou d’exciter des scrupules.

Je vais donc répondre, du mieux qu’il me sera possible, à ceux qui disent : Les Apôtres n’ont point été baptisés. S’il est vrai, comme on ne peut le contester, que les Apôtres avaient reçu le baptême humain de Jean, ils désiraient aussi le céleste baptême de notre Seigneur, puisqu’il avait déclaré qu’il n’y avait qu’un baptême. Lorsqu’ils veut laver les pieds de Pierre, qui s’y refuse, ne lui dit-il pas : « Celui qui a été une fois lavé, n’a plus besoin de l’être ? » Aurait-il tenu ce langage à un homme qui n’aurait pas été baptisé ? Argument décisif contre ceux qui enlèvent aux Apôtres jusqu’au baptême de Jean, afin de ruiner le sacrement de la régénération. Qui croira que la voie du Seigneur, c’est-à-dire le baptême de Jean, n’ait pas été préparée dans la personne de ceux qui étaient eux-mêmes destinés à ouvrir les voies du Seigneur par tout l’univers ! Eh quoi ! notre Seigneur, dont l’impeccabilité ne devait à la justice divine aucune satisfaction, a voulu néanmoins être baptisé, et des pécheurs n’auraient pas eu besoin de l’être !

On insiste. N’est-il pas vrai que plusieurs n’ont pas été baptisés ? — D’accord ; toutefois ce ne sont pas assurément les disciples de Jésus-Christ, mais les ennemis de sa foi, tels que les Docteurs et les Pharisiens. J’en conclus que si les ennemis du Seigneur n’ont pas voulu être baptisés, ceux qui suivaient le Seigneur l’ont été certainement, pour ne pas imiter la folle sagesse de ses contradicteurs, surtout quand le Maître auquel ils étaient attachés avait honoré Jean par cet illustre témoignage : « Parmi les enfants des femmes, il n’en est pas de plus grand que Jean-Baptiste. »

Selon d’autres, et l’assertion est peu sensée, les Apôtres furent suffisamment baptisés lorsque les flots de la mer les couvrirent dans la barque qu’ils montaient. Pierre lui-