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X. Jusqu’ici nous avons énuméré, autant que l’a permis notre faiblesse, tout ce qui peut servir de fondement à la religion du baptême ; expliquons du mieux qu’il nous sera possible ce qui concerne sa nature. Je commence par plusieurs questions préliminaires. La première fut proposée parle Seigneur lui-même aux Pharisiens, lorsqu’il leur demanda si « le baptême de Jean venait du ciel ou de la terre. » Ils n’osèrent rien répondre : « Ils ne comprenaient pas, parce qu’ils n’avaient pas la foi. » Pour nous, chez qui la mesure de la foi est la mesure de l’intelligence, nous pouvons répondre que le baptême de Jean était divin par l’autorité de celui qui l’avait prescrit, mais non dans ses effets, puisque nous lisons que Jean avait été envoyé pour baptiser, mais d’un baptême tout humain. En effet, le Précurseur n’accordait point la grâce, il ne faisait que préparer aux choses spirituelles, parce qu’il était le préposé de la pénitence qui est au pouvoir de l’homme. Les docteurs de la loi et les Pharisiens, n’ayant pas voulu croire, refusèrent aussi de faire pénitence. S’il est vrai que la pénitence soit au pouvoir de l’homme, le baptême de Jean devait être nécessairement de la même nature ; ou bien, s’il eût été céleste, il eût conféré l’Esprit saint et la rémission des péchés. « Mais il n’y a que Dieu qui remette les péchés et donne le Saint-Esprit. » D’ailleurs, le Seigneur n’a-t-il pas dit lui-même : « Si je ne remonte d’abord vers mon Père, l’Esprit ne peut descendre sur vous. » Ce que le Maître ne donnait point encore, le serviteur pouvait-il le donner ?

Nous lisons ensuite dans les Actes des Apôtres : « Ceux qui avaient reçu le baptême de Jean n’avaient pas l’Esprit saint, dont ils n’avaient pas même entendu parler. » Par conséquent, ce qui ne produisait pas des effets célestes n’avait rien de céleste. Au reste, tout ce qu’il y avait de céleste dans le précurseur, c’est-à-dire l’Esprit de prophétie, vint tellement à lui manquer, après que la plénitude de l’Esprit saint fut passée tout entière dans le Seigneur,