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tout annonce la merveilleuse efficacité de l’eau. D’abord, c’est le peuple de Dieu que je vois arraché de la servitude. Comment Israël échappe-t-il à la violence de l’Egyptien ? Il traverse les eaux de la mer Rouge, où il trouve son salut en laissant englouti son cruel oppresseur avec toutes ses troupes. Connaissez-vous une figure plus manifeste du sacrement du baptême ? C’est dans l’eau que les nations délivrées dépouillent les chaînes du siècle ; dans l’eau, que le démon, leur antique dominateur, perd son pouvoir. Plus loin, l’eau du désert est pleine d’amertume. Moïse en corrige l’âcreté par la vertu du bois qu’il y jette. Quel est ce bois ? Jésus-Christ lui-même qui, par sa divine puissance, transformait en eaux salutaires des eaux tout à l’heure amères et empoisonnées. La voilà encore cette eau que Moïse fit jaillir miraculeusement de la pierre qui accompagnait le peuple. Si cette pierre était Jésus-Christ, il n’en faut point douter, les eaux du baptême sont consacrées en Jésus-Christ.

Pour nous confirmer dans la foi du baptême, considérons en quelle faveur l’eau est auprès de Dieu et de son Fils. L’eau intervient dans les principales circonstances de la vie du Sauveur ; elle apparaît à son baptême. Essaie-t-il son pouvoir ? il convertit l’eau en vin aux noces où il est convié. Enseigne-t-il la multitude ? il invite ceux qui ont soif à venir se désaltérer à cette eau éternelle, qui n’est autre chose que lui-même. Ailleurs, il affirme qu’un verre d’eau donné au pauvre est une œuvre de charité qu’il récompensera. Il répare ses forces aux eaux du puits de Jacob ; il marche sur les eaux ; il passe et repasse le lac de Génézareth, il lave lui-même les pieds de ses disciples. Enfin les témoignages en faveur du baptême se continuent jusqu’à la Passion. Le Sauveur ne sera point condamné à la croix sans que l’eau intervienne ; j’en appelle aux mains de Pilate. Lorsqu’il est blessé, c’est encore de l’eau qui jaillit de son côté ; j’en appelle à la lance du soldat.