Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/255

Cette page n’a pas encore été corrigée

ne paraîtra plus invraisemblable que l’ange du Seigneur préside aux eaux pour notre salut, lorsque l’ange du mal s’y trouve pour la perte de l’homme.

— Quelle apparence, dites-vous, qu’un ange intervienne dans les eaux ?

— L’Ecriture a guéri d’avance vos scrupules : « Un ange du Seigneur descendait au temps marqué dans la piscine de Bethsaïde, et remuait l’eau. Les malades attendaient qu’elle eût été agitée pour y descendre, et celui qui y descendait le premier après que l’eau avait été agitée, était infailliblement guéri, quel que fût son mal. » Ce

remède du corps figurait dans l’avenir les remèdes appliqués à notre ame, comme il arrive d’ordinaire que les choses matérielles nous élèvent à la connaissance des choses spirituelles. Puis, quand vinrent les jours où la grâce de Dieu coula plus abondamment sur les hommes, l’eau acquit plus de vertu, l’ange plus de pouvoir. Ce qui guérissait autrefois le corps, guérit aujourd’hui l’ame ; ce qui procurait la santé dans le temps, procure le salut dans l’éternité ; ce qui délivrait un seul homme chaque année, délivre chaque jour des nations tout entières, et détruit la mort en lavant les péchés. Car le baptême, en remettant la faute, remet aussi la peine. Ainsi l’homme est rendu à Dieu, à la ressemblance de ce premier homme qui avait été créé autrefois à l’image de Dieu ; l’image s’applique au corps ; la ressemblance à l’éternité. C’est alors que l’homme recouvre cet Esprit saint, que le souffle de Dieu lui avait communiqué au commencement, mais qu’il avait perdu ensuite par sa révolte.

VI. Je ne prétends pas toutefois que les eaux nous mettent en possession de la plénitude de l’Esprit ; mais en nous purifiant sous la vertu de l’ange, elles nous disposent à recevoir l’Esprit saint. Ici la figure précéda encore la réalité. De même que le Précurseur préparait les voies de Jésus-Christ ; ainsi l’ange, présent au baptême, ouvre les voies au Saint-Esprit par l’absolution des péchés qu’obtient la