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Apollon et d’Eleusis par des immersions, cérémonie qui, suivant l’idée commune, régénérera le coupable, et lui obtiendra l’impunité de ses parjures. C’est ce que nous voyons chez les anciens. Quiconque s’était souillé par l’homicide, lavait la tache du sang dans une eau expiatoire. Si donc l’aveuglement des Gentils reconnaît à l’eau, par suite de sa destination naturelle, la propriété d’effacer les crimes, avec combien plus de vérité remplira-t-elle cet office par l’autorité d’un Dieu, créateur des éléments et de leurs propriétés !

— La religion, disent-ils, communique à l’eau une vertu salutaire.

— Mais quelle plus sainte religion que celle du Dieu vivant ! Le connaître, ce vrai Dieu, c’est en même temps connaître les artifices jaloux du démon, toujours prêt à contrefaire les opérations divines. En effet, n’a-t-il pas aussi son baptême qu’il impose aux siens ? Mais où est le rapport ? Là, c’est l’impur qui purifie ; c’est l’auteur de la servitude qui affranchit ; c’est le condamné qui absout. N’est-ce pas détruire son ouvrage que d’effacer les péchés, inspirés par lui-même ?

J’ai rapporté ces témoignages pour ceux qui, repoussant lès lumières de la foi, refusent à Dieu un pouvoir qu’ils accordent néanmoins à son rival. Sans même recourir au sacrement, une opinion vulgaire veut qu’il y ait des esprits immondes répandus sur les eaux, comme pour imiter l’incubation première de l’Esprit, au commencement du monde. Interrogez plutôt ces fontaines ombragées, ces ruisseaux pleins de mystères, ces piscines dans les bains, Ces sources jaillissantes dans les maisons, ces citernes, ces puits qui engloutissent ou étouffent, dit-on, les hommes, sans doute par la force de l’esprit malfaisant. En effet, n’existe-t-il pas des noms divers pour désigner les victimes des eaux ; apopnictes, ceux qu’elles ont suffoqués ; lymphates, ceux qu’elles ont rendus furieux ; hydrophobes, Ceux qu’elles ont frappés de terreur. Pourquoi ces détails ? Il