Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/252

Cette page n’a pas encore été corrigée

auquel les eaux rassemblées depuis quatre jours dans leur demeure, avaient laissé une humidité suffisante, que le Créateur formera le roi de la création.

S’il fallait m’étendre ici sur les autres prérogatives de l’eau, que n’aurais-je point à dire de sa vertu et de sa fécondité ? Que de qualités ! que de bienfaits ! que de services rendus au monde ! Mais je craindrais de devenir le panégyriste de l’eau plutôt que le défenseur du baptême : toutefois il sortirait de là l’enseignement plus complet que si Dieu a constamment employé l’eau dans ses œuvres, il n’est pas étrange qu’elle figure dans ses sacrements. Pourquoi celle qui produit la vie de la terre, ne donnerait-elle pas la vie du ciel ?

IV. Il suffira de ces quelques mots pour y découvrir comme une espèce de préjugé en faveur du baptême et un signe extérieur qui en était le symbole au commencement du monde. L’Esprit de Dieu qui, avant le création,

était porté sur les eaux, » nous indiquait d’avance que sa majesté reposerait sur l’eau de la régénération ; car la sainteté ne pouvait être portée que sur une chose sainte, ou bien, la matière qui portait, empruntait sa sanctification à ce qui était porté. Et attendu que toute matière inférieure participe nécessairement aux qualités de celle qui la domine, la substance corporelle devait entrer en communication avec la substance spirituelle, d’autant plus que cette dernière peut aisément par sa subtilité pénétrer et animer sa voisine. Ainsi, la nature des eaux, sanctifiée par l’Esprit saint, a conçu par là même le pouvoir de sanctifier l’homme dans ce sacrement.

Et qu’on ne vienne pas me dire : Est-ce que nous sommes baptisés aujourd’hui dans les mêmes eaux que celles qui furent au commencement du monde ? Non, répondrai-je, elles ne sont pas absolument les mêmes. Elles s’y rapportent toutefois comme des espèces différentes à un genre unique. Or, les attributs du genre se retrouvent dans l’espèce. Aussi baptisés dans la mer ou dans un étang, dans un