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la foi, soit pour empêcher qu’on ne la reçoive dans sa plénitude, sape les fondements sur lesquels elle repose. Rien ne déconcerte plus les idées de l’homme que la simplicité des opérations divines dans ce qui frappe nos sens d’une part, et de l’autre la magnificence des effets qui en résultent. Il en va ainsi de notre baptême. Quoi de plus simple ? Point de pompe ; point d’appareil nouveau ; point de cérémonie dispendieuse. Toutefois parce que le néophyte plongé dans l’eau pendant que l’on prononce sur lui quelques paroles, ne paraît pas sortir plus pur intérieurement de ce bain, on ne veut pas croire qu’il ait obtenu l’éternité. Mais chez les idolâtres, si je ne me trompe, l’appareil, la pompe, et les dépenses de leurs solennités ou de leurs mystères secrets, commandent la foi et la vénération. Misérable incrédulité, qui conteste à Dieu ce qui n’appartient qu’à lui, la simplicité unie à la toute puissance !

— Quoi donc ? N’est-il pas étrange, s’écrie-t-on, qu’un peu d’eau détruise la mort ?

— Loin de là ! il faut d’autant plus le croire, si c’est à cause de la grandeur de la merveille que l’on refuse d’y croire. En effet, quel peut être le caractère des œuvres divines, sinon de surpasser notre admiration ? Nous aussi, elles nous surprennent, mais parce que nous les croyons. L’incrédulité, au contraire, s’en étonne, mais sans les croire. Ce qui est simple lui paraît illusoire, ce qui est magnifique lui semble impossible. Qu’il en soit comme tu l’imagines, les oracles divins l’ont réfuté d’avance : « Dieu

a choisi ce qui était insensé selon le monde, pour confondre sa sagesse. — Ce qui est impossible aux hommes est facile à Dieu. » Si Dieu est infiniment sage et puissant, chose que ne contestent pas même ceux qui le méconnaissent, il a dû faire entrer dans la matière de ses œuvres le contraire de la sagesse et de la puissance, c’est-à-dire ce qui paraît à l’homme une folie ou une impossibilité : le mérite ne brille jamais plus que dans l’opposition des moyens et des effets.