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que Dieu, ni la chair autre chose que l’homme. C’est ainsi que l’apôtre nous parle de l’une et de l’autre substance : « Qui est né, dit-il, de la race de David : » Voilà l’homme et le Fils de l’homme. « Qui a été prédestiné Fils de Dieu selon l’Esprit : » voilà le Dieu et le Verbe, Fils de Dieu. Nous voyons une double nature qui, sans se confondre, s’unit dans une seule personne, Dieu et Jésus-Christ fait homme.

Quant au Christ, je remets à en parler. Te faut-il la preuve que la propriété de l’une et de l’autre substance demeure réelle ? L’esprit accomplit en lui les œuvres qui lui appartiennent, c’est-à-dire les miracles, les signes et les prodiges. La chair, au contraire, éprouve les affections qui lui sont propres ; elle a faim avec le démon, elle a soif avec la Samaritaine ; elle pleure sur Lazare ; elle est triste jusqu’à la mort ; enfin elle expire. S’il était je ne sais quel troisième être, mélange de l’un et de l’autre à peu près comme l’ambre, l’une et l’autre substances ne se manifesteraient pas par des actes aussi distincts. Il y a mieux. L’esprit aurait accompli les œuvres de la chair et la chair les œuvres de l’Esprit, par suite de cette transformation, ou bien ils n’eussent accompli ni les œuvres de la chair, ni celles de l’Esprit, mais des œuvres d’une troisième espèce par suite de ce mélange. Je me trompe ; ou le Verbe fût mort, ou la chair ne fût pas morte, si le Verbe s’était transformé en chair. Point de milieu, ou l’immortalité de la chair, ou la mortalité du Verbe. Mais comme ces deux substances agissaient distinctement chacune dans leur nature, il s’ensuit que les actes et les choses correspondirent à chacune d’elles. Apprends-le donc avec Nicodème. « Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est Esprit. » La chair ne devient pas l’Esprit ; l’Esprit ne devient pas la chair. Ils peuvent résider dans une seule personne. Tel était Jésus-Christ, homme par la chair, Dieu par l’Esprit, et que l’ange dans ce moment proclama Fils de Dieu, dans le sens