Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/231

Cette page n’a pas encore été corrigée

que son Fils résidât sur la terre et lui dans les cieux. C’est vers les cieux que le Fils élevant ses regards, adressait à son Père de ferventes prières ; vers les cieux qu’il nous enseignait à élever nos regards et nos prières : « Notre Père, qui êtes dans les cieux. » Et quoique le Père soit partout, le ciel est la demeure qu’il a choisie : « Vous l’avez pour un peu de temps abaissé au-dessous des anges, » en l’envoyant sur la terre, « mais pour le couronner ensuite de gloire et d’honneur, » en le recevant dans les cieux. Le Père lui tenait déjà parole quand il lui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. » Le Fils demande sur la terre ; le Père promet du haut des cieux. Pourquoi donnes-tu au Père et au Fils un éclatant démenti, si le Père parlait du haut des cieux à son Fils, pendant que c’était lui-même qui était Fils sur la terre, ou si le Fils priait son Père, tandis que c’était lui-même qui était Père dans les cieux ? Ensuite, comment croire que le Fils s’invoquât lui-même en implorant son Père, s’il est vrai que le Fils fût le Père ; ou bien encore que le Père se promît à lui-même en promettant au Fils, s’il est vrai que le Père fût le Fils ; de sorte que, quand même nous prêcherions deux Dieux différents, ainsi que vous le répétez, il serait plus tolérable de prêcher deux dieux différents, qu’un seul Dieu si fantasque et si mobile. C’est donc pour ces hérétiques que le Seigneur prononça cet oracle : « Ce n’est pas pour moi que cette voix s’est fait entendre, mais pour vous, » afin que ceux-ci croient au Père et au Fils chacun avec leurs noms, leurs personnes et leurs demeures. Mais Jésus s’écrie encore et dit : « Qui croit en moi ne croit pas en moi, mais en celui qui m’a envoyé (attendu que c’est par le Fils que l’on croit au Père, et que l’autorité qui fait croire au Fils, c’est le Père,) et qui me voit, voit celui qui m’a envoyé. » Comment cela ? « Parce que je n’ai point parlé de moi-même ; mais mon Père qui m’a envoyé m’a prescrit lui-même ce que je dois dire, et comment je dois parler. Car le Seigneur m’a donné