Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/217

Cette page n’a pas encore été corrigée

à Dieu comme indignes de lui, afin de décréditer le Créateur, ignorant sans doute que tout cela convenait au Fils qui devait passer par toutes les souffrances humaines, la soif, la faim, les larmes, la naissance et jusqu’à la mort elle-même. C’est dans ce sens « que son Père l’a abaissé pour un moment au-dessous des anges. »

Mais les hérétiques eux-mêmes n’admettront pas que ce que tu attribues au Père, c’est-à-dire ses abaissements pour nous, convienne au Fils, puisque l’Ecriture déclare que l’un a été abaissé par l’autre, et non le même par lui-même. Mais que diras-tu s’il y en avait « un qui était couronné de gloire et, d’honneur, » et un autre qui couronnait, c’est-à-dire que le Père couronnait le Fils ?

D’ailleurs, qui croira que ce même Dieu tout-puissant et invisible « que nul n’a jamais, vu ni ne peut voir ; ce Dieu qui habite une lumière inaccessible, qui ne réside pas dans un palais bâti de la main des hommes ; devant la face de qui la terre tremble et les montagnes se fondent comme la cire ; qui prend dans sa main l’univers comme un nid d’oiseaux ; qui a le ciel pour trône, la terre pour marche-pied ; » dans lequel est renfermé tout espace, sans que lui-même soit borné par l’espace ; qui est la dernière ligne de l’univers ; qui croira que ce Très-Haut se soit, promené le soir dans le paradis, cherchant Adam ; qu’il ait fermé l’arche après l’entrée de Noé ; qu’il se soit, reposé chez Abraham sous le chêne de Mambré ; qu’il ait, appelé Moïse du buisson ardent ; qu’il se soit montré, lui quatrième, dans la fournaise du roi de Babylone ; (mais que dis-je ? le Fils de l’Homme y est appelé par son nom) si tout cela n’avait eu lieu en image, en énigme, et comme à travers un miroir ? En vérité, ce qu’il faudrait rejeter par rapport à la personne du Fils, si cela ’était écrit, je ne le croirais pas, quand même cela serait écrit, par rapport au Père, que ces hérétiques font descendre dans le sein de la vierge Marie, placent devant le tribunal de Pilate, et enferment dans le tombeau de Joseph. Par là donc