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s’est manifesté plus pleinement par son humanité, et cet autre, c’est le Verbe qui s’est fait chair, et que personne n’a jamais vu, excepté le Père, puisque c’est son Verbe.

Enfin, examinons quel est celui qu’on, vu les Apôtres ? « Ce que nous avons vu de nos yeux, dit Jean, ce que nous avons considéré, ce que nos mains ont touché, la parole de vie. » La parole ou le Verbe de vie, en effet, s’étant incarné, a été vu, a été entendu, a été touché, parce que celui-là s’est incarné qui, avant sa chair, « était Verbe au commencement dans Dieu le Père, » et non le Père dans le Verbe. Car, quoique « le Verbe soit Dieu, il ne laisse pas d’être en Dieu, » parce qu’il est Dieu de Dieu, avec le Père dans le Père. « Et nous avons vu sa gloire, comme la gloire que reçoit de son Père le Fils unique ; » tu l’entends ! la gloire du Fils unique, c’est-à-dire de celui qui est visible et qui a été glorifié par le Père invisible. Voilà pourquoi, ayant appelé tout à l’heure Dieu le Verbe de Dieu, pour ne pas venir en aide à la présomption de nos adversaires, comme s’il avait vu le Père en personne, l’Apôtre, afin de distinguer d’avec le Père qui est invisible, le Fils qui est visible, ajoute comme par surcroît : « Nul ne vit jamais Dieu. » Quel Dieu ? Le Verbe ? Non sans doute. Il vient de dire : « Ce que nous avons vu, ce que nous avons entendu, ce que nous avons touché. » Mais quel Dieu, donc ? Le Père, « en qui était le Verbe, c’est-à-dire le Fils unique de Dieu qui résidait dans le sein du Père, comme il nous l’a manifesté lui-même. » Voilà celui qui a été vu, celui qui a été entendu, celui qui même a été touché, de peur qu’on ne le crût un fantôme. Voilà celui qu’a vu Paul, qui cependant n’a pas vu le Père. « N’ai-je pas vu Jésus ? » dit-il. Mais Paul lui-même proclame la divinité de Jésus-Christ : « Qui ont pour pères les patriarches, dit-il, et de qui est sorti, selon la chair, Jésus-Christ même, le Dieu au-dessus de toutes choses et béni dans tous les siècles. » Il nous montre également que le Fils