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soit pas Dieu, que le Fils ne soit pas Dieu, que l’Esprit saint ne soit pas Dieu, que chacun enfin ne soit pas Dieu, mais parce que dans le passé, deux Dieux, deux Seigneurs étaient annoncés, afin qu’à son avènement Jésus-Christ fût reconnu Dieu et proclamé Seigneur, puisqu’il était le fils de Dieu et du Seigneur. Si les Ecritures, en effet, ne mentionnaient qu’un seul Dieu et qu’un seul Seigneur en une seule personne, c’est avec justice que le Christ n’eût point été admis au titre de Dieu et de Seigneur. Car elles ne prêchaient aucun autre Dieu qu’un seul Dieu et qu’un seul Seigneur. Par là on aurait pu croire que c’est le Père qui est descendu, puisque les Ecritures ne montraient qu’un seul Dieu et qu’un seul Seigneur, et son économie tout entière, ordonnée et disposée pour servir d’exercice à notre foi, ne serait plus que confusion et ténèbres.

Mais aussitôt que le Christ fut descendu, et qu’il eut été reconnu par nous comme l’un de ceux qui constituaient le nombre auguste, le second à partir du Père, et le troisième avec l’Esprit ; lorsqu’enfin le Père eut été plus pleinement manifesté par lui, le nom de Dieu et de Seigneur put l’amené à l’unité, afin que les Nations ayant passé de la multitude des idoles au culte du Dieu unique, il y eût une différence entre les adorateurs d’un seul Dieu et les disciples du polythéisme. Car il fallait que « les Chrétiens brillassent dans le monde comme des enfants de la lumière, » en ne servant et en ne nommant qu’un seul Dieu et qu’un seul Seigneur.

D’ailleurs si, connaissant au fond de nos consciences que le nom de Dieu et de Seigneur convient également et au Père et au Fils et à l’Esprit, nous les appellions Dieux et Seigneurs, ce serait éteindre nos flambeaux, devenus plus timides pour le martyre, puisque nous ouvririons par là une porte pour échapper à la mort, en jurant aussitôt par les Dieux et les Seigneurs, à la manière de certains hérétiques qui admettent plusieurs Dieux. Je ne dirai donc jamais les Dieux ni les Seigneurs ; mais je suivrai l’Apôtre, et