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investis du nom de Seigneur : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : asseyez-vous à ma droite. » Isaïe, de son côté, s’exprime en ces termes : « Seigneur, qui a cru à notre parole ? Pour qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ? Il aurait dit : ton bras,…. le nom du Seigneur,…. s’il n’avait voulu nous donner à entendre le Seigneur père et le Seigneur fils. Mais la Genèse est encore plus ancienne : « Le Seigneur fit donc pleuvoir au nom du Seigneur le feu du ciel sur Sodome et Gomorrhe. » Nie que ces oracles soient écrits, ou bien, qui es-tu, si tu ne crois pas devoir comprendre telles qu’elles sont écrites des déclarations qui ont un sens précis, déterminé, indubitable, que ne recouvre ni l’allégorie ni la parabole ? Si tu es un de ceux qui n’attendaient point alors le Seigneur sous le nom de Fils de Dieu, et ne croyaient point à lui à titre de Seigneur, rappelle-toi encore qu’en outre il est écrit : « J’ai dit : Vous êtes des Dieux et les Fils du Très-Haut, et, Dieu se leva dans l’assemblée des Dieux, » afin que si l’Ecriture n’a pas craint d’honorer du nom de Dieux des hommes devenus enfants de Dieu par la foi, tu reconnaisses qu’à bien plus juste titre, elle a pu donner ce nom au Fils unique et véritable de Dieu.


Eh bien, dis-tu, je vous somme de prêcher aujourd’hui encore d’après l’autorité de ces Ecritures deux Dieux et deux Seigneurs. A Dieu ne plaise ! Car nous, qui examinons les temps et les motifs des Ecritures au flambeau de la grâce de Dieu, nous, disciples du Paraclet et non des hommes, nous déclarons qu’il y a dans la Trinité deux et même trois personnes, le Père, le Fils, avec l’Esprit saint, suivant le plan de l’économie divine qui admet le nombre, mais non de manière à croire, avec votre doctrine erronée, que c’est le Père lui-même qui s’est incarné, le Père qui a souffert, ce qu’il n’est pas permis de penser, parce que la tradition ne nous l’a point transmise. Toutefois ce n’est jamais de notre propre bouche que nous nommons deux Dieux et deux Seigneurs, non pas que le Père ne