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même, dans Isaïe : « Le Seigneur a dit à Jésus-Christ mon Seigneur. » De même encore l’Esprit saint dit au Père, à l’occasion du Fils : « Seigneur, qui croira à notre parole ? Pour qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ? Nous l’avons vu ; il est semblable à un jeune enfant ; il est comme l’arbrisseau qui sort d’une terre aride ; il n’a ni éclat ni beauté. »

Voilà quelques passages entre mille. Car nous n’avons pas la prétention de développer ici toutes les Ecritures, puisque, dans chacun de nos chapitres, invoquant la plénitude de leur témoignage et de leur majesté, nous avons ouvert dans nos traités une discussion plus large. Mais ce peu de lignes suffit néanmoins pour établir invinciblement la distinction de la Trinité. Qu’y trouvons-nous, en effet ? Un Esprit saint qui parle, un Père auquel il parlé, un Fils de qui il parle. De même les autres passages, qui tantôt s’adressent au Père ou au Fils, au sujet du Fils ; tantôt au Fils ou au Père, au sujet du Père ; tantôt enfin à l’Esprit, constituent chaque personne avec sa propriété distincte.

XII. Si le nombre de la Trinité te scandalise, comme étant opposé à l’unité de l’essence divine, d’où vient, je te le demande, que Dieu, s’il est seul et unique, parle au pluriel : « Faisons l’homme à notre image et "à notre ressemblance, » tandis qu’il aurait dû dire : « Je fais l’homme à mon image et à ma ressemblance, » puis-qu’il est seul et unique ? Mais dans le passage suivant : « Voilà qu’Adam est devenu comme l’un de nous, » n’est-ce pas me tromper ou se jouer de moi que de parler comme s’ils étaient plusieurs, lorsqu’il est seul, et concentré dans l’unité ? Est-ce aux anges qu’il s’adressait alors, ainsi que l’interprètent les Juifs, parce qu’ils ne reconnaissent pas non plus le Fils ? Ou bien, est-ce parce qu’il était tout à la fois Père, Fils, Esprit, que, se donnant comme pluriel, il s’adresse à lui-même au pluriel ? Chimères que tout cela ! Comme à sa personne étaient associées une seconde personne,