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lui-même et sa vérité. Voilà pourquoi, comme je crois à la véracité de Dieu, je suis convaincu qu’il n’a point parlé autrement qu’il n’a disposé, ni disposé autrement qu’il n’a parlé. Toi, au contraire, tu fais de Dieu un fourbe et un imposteur, qui se joue de sa parole, si, lorsqu’il était à lui-même son propre Fils, il imposait à un autre ce rôle, puisque toutes les Ecritures attestent la démonstration et la distinction de la Trinité.

De là se tire notre prescription que l’être qui parle, celui à qui il parle et de qui il parle, ne peuvent être un seul et même être, parce que ce serait un renversement de toute logique et une imposture indigne de Dieu, que, se parlant à lui-même, il s’adressât à un autre plutôt que de s’adresser à lui-même. Ecoute maintenant comment le Père parle de son Fils par la bouche d’Isaïe : « Voici le Fils que j’ai choisi, mon Fils bien-aimé dans lequel j’ai placé toutes mes complaisances. Mon esprit reposera en lui : il annoncera aux nations mes jugements. » Veux-tu qu’il s’adresse à la personne du Fils ? « C’est peu que tu me serves à réparer les restes de Jacob et à convertir les tribus d’Israël. Je l’ai préparé comme la lumière des nations et le salut des extrémités de la terre. » Veux-tu savoir comment le Fils parle du Père ? « L’Esprit du Seigneur repose sur moi, voilà pourquoi il m’a marqué de son onction pour annoncer son Evangile aux hommes. » Même langage dans le Psalmiste : « Ne m’abandonnez pas jusqu’à ce que j’aie annonce votre puissance devant la génération qui doit venir. » De même dans un autre psaume : « Seigneur, pourquoi ceux qui me persécutent se sont-ils multipliés ? » Mais que dis-je ? Presque tous les psaumes parlent au nom du Christ ; partout le Fils s’y entretient avec le Père, c’est-à-dire le Christ avec Dieu.

Remarque de plus l’Esprit saint, parlant comme troisième personne du Père et du Fils : « Le Seigneur dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite jusqu’à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marche-pied. » De