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mieux dire l’a emprunté à la vérité pour bâtir l’édifice de son mensonge ? Le Verbe de Dieu a-t-il été engendré oui ou non ? Combats avec moi sur ce terrain. S’il a été engendré, reconnais l’émanation de la vérité, et qu’importe alors que l’hérésie ait contrefait la vérité ?

Il reste maintenant à chercher comment chacun se sert de son bien et de son mot. Valentin distingue ses émanations, et les sépare du Père ; mais il les place à un si long intervalle que le dernier Eon ne connaît pas son Père. En un mot, il désire ardemment de le connaître, sans y parvenir toutefois ; que dis-je ? il se consume dans ses désirs, et se dissout ou à peu près dans toute sa substance. Chez nous, au contraire, « le Fils lui seul connaît le Père ; il met à nu le sein du Père ; il a tout entendu, tout vu dans le Père ; il ne dit que ce qui lui a été ordonné par le Père. Ce n’est pas sa volonté qu’il accomplit, mais celle du Père » qu’il connaissait de près, ou pour mieux dire, de toute éternité. « Qui, en effet, connaît ce qui est en Dieu, sinon l’esprit qui est en lui ? » Or, le Verbe est formé par le souffle, et le souffle, pour ainsi parler, est le corps du Verbe. Le Verbe a donc toujours résidé dans le Père, ainsi qu’il le déclare : « Je suis dans le Père. » Il a donc toujours été chez le Père, ainsi qu’il est écrit : « Et le Verbe était chez le Père. » Il n’a donc jamais été séparé ou différent du Père, puisqu’il dit : « Mon père et moi, nous ne sommes qu’un. » Voilà de quelle manière la vérité entend l’émanation, gardienne de la vérité, et en vertu de laquelle nous disons que le Fils a été engendré, mais non séparé. Dieu a produit le Verbe hors de lui, ainsi que l’enseigne le Paraclet lui-même, comme l’arbre sort de la racine, le ruisseau de la fontaine, le rayon du soleil. Ces différentes espèces sont les émanations des substances dont elles dérivent. Je n’hésiterai point à dire que l’arbre, le ruisseau et le rayon sont les fils de la racine, de la fontaine et du soleil, parce que dans toute origine il y a paternité, et que tout ce qui découle de cette origine, est