Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/196

Cette page n’a pas encore été corrigée

conséquent se complaisait dans la sienne : « Tu es mon Fils ; je t’ai engendré aujourd’hui. » Et ailleurs : « Je t’ai engendre avant l’aurore. » De même le Fils déclare en sa personne, sous le nom de la Sagesse, qu’il a un Père : « Le Seigneur m’a créé au commencement de ses voies, pour présider à ses œuvres. Il m’engendra avant les collines. » Car, quoique la Sagesse semble dire ici qu’elle a été créée par le Seigneur « pour présider à ses œuvres et à ses voies ; » et qu’ensuite il nous soit montré « que tout est fait par le Verbe, et que rien n’est fait sans le Verbe ; » de même qu’ailleurs : « Les cieux ont été créés par son Verbe, et l’armée des cieux par son souffle, » c’est-à-dire par le souffle qui accompagnait son Verbe, il est manifeste que, tantôt sous le nom de Sagesse, tantôt sous la désignation de Verbe, il s’agit toujours d’une seule et même puissance, qu’elle prenne naissance « au commencement des voies du Seigneur, » qu’elle étende les cieux, ou que « tout soit fait par elle et que rien ne soit fait sans elle. »

Je n’insisterai pas plus long-temps là-dessus, comme si la Sagesse, la liaison, la Vertu divine, l’Esprit n’étaient pas, sous des dénominations diverses, une seule et même chose avec ce Verbe qui est devenu le Fils de ce Dieu qui l’a engendré en le produisant hors de lui-même.

— Tu soutiens donc, me dis-tu, que le Verbe est une substance réelle, formée de l’Esprit et de la Sagesse qui lui ont été communiqués.

— Sans aucun doute. Pourquoi donc ne veux-tu pas qu’il existe réellement par la propriété de sa substance, afin qu’il puisse être une personne et une chose véritables, et qu’ainsi créé le second après Dieu, il forme deux êtres, le Père et le Fils, Dieu et le Verbe ? Mais qu’est-ce, poursuis-tu, que le Verbe, si ce n’est la voix et le son de la bouche ; et, pour parler le langage des grammairiens, l’air qui en étant heurté, est rendu intelligible à l’ouïe ; mais d’ailleurs, un je ne sais quoi sans consistance, vide et