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la discussion, ne fut-ce que pour empêcher de dire que toute doctrine erronée est condamnée sur une simple présomption, et non après avoir été examinée, surtout la doctrine qui se vante de posséder la vérité pure, en s’imaginant que la seule manière légitime de croire à l’unité de Dieu, c’est de confondre dans une seule et même personne et le Père et le Fils et l’Esprit saint ; comme si un seul n’était pas tout, quand tout dérive d’un seul, en gardant néanmoins le sacrement de l’économie qui divise l’Unité en Trinité, où nous distinguons trois personnes, le Père, le Fils et l’Esprit saint. Ils sont trois, non pas en essence, mais en degré ; non pas en substance, mais en forme ; non pas en puissance, mais en espèce ; tous trois ayant une seule et même substance, une seule et même nature, une seule et même puissance, parce qu’il n’y a qu’un seul Dieu duquel procèdent ces degrés, ces formes et ces espèces, sous le nom de Père, de Fils et de Saint-Esprit. Comment admettent-ils le nombre en rejetant le partage ? La discussion va le prouver à mesure qu’elle avancera.

III. Les esprits simples, pour ne pas dire les ignorants et les hommes sans instruction, qui forment toujours la plus grande partie de ceux qui croient, en voyant la règle de la foi faire passer l’homme de la multitude des dieux du siècle au Dieu unique et véritable, oublient que non-seulement il faut le croire unique, mais avec son économie tout entière, et se déconcertent à l’aspect de cette économie. Ils prennent pour la division de l’Unité le nombre et la disposition de la Trinité, tandis que l’Unité dérivant d’elle-même, la Trinité, loin de s’anéantir ainsi, est administrée par elle. Vous prêchez deux et même trois Dieux, nous crient-ils ; quant à eux, ils se disent les adorateurs d’un seul Dieu, comme si l’Unité, réduite à elle-même hors de toute raison, ne constituait pas l’hérésie, de même que la Trinité, raisonnablement comprise, constitue la vérité. Nous sommes pour la monarchie, répètent-ils. Et les