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puisse rendre témoignage à sa foi. En effet, la confession dérive de la persécution : la persécution se consomme par la confession. Or, c’est ici-bas que la haine éclate contre le nom chrétien, ici-bas que la persécution se déchaîne, ici-bas que la trahison nous dénonce, ici-bas que l’interrogatoire nous contraint de blasphémer, ici-bas que les bourreaux sévissent. Confession ou apostasie, il faut à l’une ou à l’autre chacune de ces dispositions. Si c’est ici-bas que se passe tout le reste, point de confession ailleurs. Si la confession se passe ailleurs, que fait ici-bas tout le reste ? Mais dans le ciel, rien de tout cela : donc il n’y a pas de confession dans le ciel.

Si l’hérésie prétend qu’au ciel l’interrogatoire et la confession ne procèdent pas comme sur la terre, elle devra aussi établir des dispositions différentes, qui n’aient rien de commun avec celles qui sont consignées dans les Ecritures. Nous pourrions lui dire : C’est ton affaire, pourvu que les interrogatoires et les confessions ici-bas, qui dérivent des éléments de la persécution, conservent la propriété légitime de leurs termes, en sorte qu’il faille croire comme il est écrit, et comprendre comme il est entendu. Pour moi, je défends toute cette économie sur l’autorité elle-même du Seigneur, qui n’a destiné à cette confession d’autre théâtre que la terre. Pourquoi ajoute-t-il après ce qui concerne la confession ou l’apostasie : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Car je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère et la belle-fille de sa belle-mère. Et les ennemis de l’homme seront ses propres serviteurs. » Par là, en effet, il arrive « que le frère livre le frère à la mort, et le père, le fils. Les enfants s’élèvent contre les parents, et les font mourir. Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. » Tant il est vrai que la disposition de ce glaive du Seigneur, apporté sur la terre et non dans le ciel, détermine aussi sur la terre cette confession, qui,