Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/172

Cette page n’a pas encore été corrigée

un lieu où je ne puis entrer qu’avec le titre d’élu. Le ciel est ouvert au Chrétien avant les avenues du ciel, parce qu’il n’est point de route qui mène au ciel, sinon pour celui auquel le ciel est ouvert. Y parvenir, c’est y entrer. D’accord avec la superstition romaine, ne voilà-t-il pas que tu nous établis des Janus, des Forculus, des Limentinus et d’autres ridicules fantômes pour garder les portes du ciel ? Si jamais tu as lu dans David : « Ouvrez-vous, ô portes ! ouvrez-vous, ô portes éternelles, et le Roi de gloire entrera ; » si jamais tu as entendu Amos s’écrier : « Il élève dans les cieux les marches de son trône ; il appelle les eaux de la mer, et elles se répandent sur la terre, » sache-le bien, cette ascension nous a été frayée par les pas du Seigneur ; la porte nous a été ouverte par le triomphe du Christ : alors plus de retard qui arrête le Chrétien sur le seuil des cieux ; plus d’épreuves à subir : il ne s’agit plus à cette heure de jugement, mais de reconnaissance ; d’interrogatoire, mais d’admission.

— Le ciel est encore fermé, dis-tu.

— Souviens-toi qu’ici-bas, le Seigneur en a laissé les clefs à Pierre et dans sa personne à l’Église. Quiconque aura été interrogé sur la terre et aura confessé sa foi les emportera avec lui. Satan affirme que notre confession aura lieu là-haut pour nous persuader d’abjurer ici-bas. Vraiment, ô utiles renseignements à envoyer d’avance à mon juge ; ô excellentes clefs à emporter avec moi, que d’arriver devant Dieu « avec la crainte de ceux qui tuent

le corps seulement, sans avoir aucun pouvoir sur l’ame ! » Merveilleuse recommandation que l’infraction du précepte ! Je résisterai glorieusement dans le ciel après n’avoir pu résister sur la terre ; je soutiendrai le regard des puissances supérieures après avoir tremblé sous l’œil des puissances inférieures. Enfin je mériterai d’être admis après avoir été déjà exclus.

Il vous reste à, dire qu’il faut apostasier ici-bas, puisque la