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être dans le Christ. Or, en confessant dans le Christ, il confesse aussi le Christ qui est dans le Christ, puisqu’il réside en lui en qualité de Chrétien. Prononcez le mot jour, sans avoir nommé la lumière elle-même, vous avez montré un effet de la lumière qui donne le jour. De même, quoique le Seigneur n’ait pas dit formellement : « Celui qui me confessera, » l’acte d’une confession journalière ne laisse point de s’accorder avec le sens des paroles du Seigneur. Quiconque en effet confesse ce qu’il est, c’est-à-dire Chrétien, confesse par là même ce par quoi il l’est, c’est-à-dire le Christ. Conséquemment quiconque se désavoue pour Chrétien, nie dans le Christ en niant qu’il soit dans le Christ, quand il désavoue son titre de Chrétien. D’autre part, celui qui niera que le Christ réside en lui-même, en niant qu’il réside dans le Christ, désavouera également Jésus-Christ. Donc nier dans le Christ, équivaut à nier le Christ ; donc confesser dans le Christ, équivaut à confesser le Christ.

Il eût suffi que le Seigneur s’expliquât uniquement sur l’obligation de confesser. Il était facile, d’après ce texte, de préjuger son contraire, et de conclure que Dieu répondait au désaveu par un désaveu, comme à la confession par la confession. Voilà pourquoi l’énoncé de la confession amenant de soi-même la formule du désaveu, il est visible que Dieu en disant : « Celui qui me désavouera, » et non « celui qui désavouera en moi, » comme il l’avait fait pour l’aveu, appliquait ces paroles à une autre espèce d’apostasie. Il avait vu d’avance que la persécution s’armerait de toutes ses fureurs pour que le Chrétien, après avoir renié sa foi, fût aussi contraint de renier et de blasphémer le Christ. Ainsi avons-nous vu dernièrement avec horreur que, sous prétexte de réduire à l’apostasie quelques Chrétiens, on lutta contre leur foi tout entière avec une barbarie sans nom. Il vous sera donc inutile de dire : Quand même je nierais que je sois chrétien, je ne serais pas désavoué par le Christ, puisque je ne l’ai pas désavoué personnellement. Le désaveu de votre foi ne sera pas moins criminel, parce qu’