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TERTULLIEN.

mille hommes furent en conséquence immolés par leurs pères et leurs proches, parce que, les premiers dans la révolte et dans le châtiment de la révolte, ils avaient outragé le Dieu qui était bien plus encore leur père et leur proche. — Dans les Nombres, Israël, campé à Séthim, se rend coupable avec les filles de Moab qui le convoquent à leurs sacrifices, afin que la fornication de l’esprit se joignît à celle du corps. Israël mange de ces viandes abominables, adore les dieux de cette nation et s’initie au culte de Béelphégor. Pour cette seconde idolâtrie, sœur de la fornication, vingt-trois mille hommes sont décapités par le glaive de leurs proches, victimes offertes à la justice divine. — Après la mort de Jésus, fils de Navé, les Israélites abandonnent le Dieu de leurs pères et se courbent devant les idoles de Baalim et d’Astaroth. Aussitôt la colère du Seigneur livre les coupables entre les mains de leurs ennemis qui les pillent et les vendent à des étrangers. Vainement ils essaient de résister. Partout où ils se présentent, la main céleste s’étend sur eux, et ils éprouvent de grandes calamités. Dieu leur donne ensuite des juges ou censeurs ; mais ils se lassent bientôt d’obéir aux juges. Chaque juge n’est pas plutôt mort, qu’ils retombent dans des actions plus criminelles que celles de leurs pères, suivant des dieux étrangers, les servant et les adorant. Alors la fureur de Dieu s’allume contre Israël. « Parce que, dit-il, ce peuple a violé l’alliance que j’avais signée avec ses pères, et qu’il a dédaigné d’entendre ma voix, je n’exterminerai point les nations que Josué a laissées lorsqu’il est mort. » Dans les annales des juges et ensuite des rois, Dieu fait sentir à Israël sa colère par les forces des nations voisines qu’il tient en réserve, par la guerre, par la captivité, par le joug des étrangers, toutes les fois qu’Israël s’éloignait de lui, surtout pour tomber dans l’idolâtrie.

IV. S’il est certain que, dès l’origine, l’idolâtrie a été défendue par des prohibitions répétées autant que menaçantes ; si des exemples nombreux et terribles démontrent